Bénin : Léhady Soglo, le prince en exil (2/4)

« Ces maires africains fauchés en plein vol » (2/4) – Héritier naturel d’une puissante famille politique, Léhady Soglo vit désormais loin des siens. Condamné à dix ans de prison pour abus de fonction, il n’entend pas raccrocher les gants pour autant.

L’ancien président du bénin Nicéphore Soglo et son fils aîné, Léhady, en 2006. © Erick-Christian Ahounou / AFP

L’ancien président du bénin Nicéphore Soglo et son fils aîné, Léhady, en 2006. © Erick-Christian Ahounou / AFP

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Publié le 1 juillet 2020 Lecture : 9 minutes.

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[Série] Ces maires africains fauchés en plein vol

Noël Akossi-Bendjo, Léhady Soglo, Khalifa Sall, Adama Sangaré… Ils ont présidé au destin de grandes villes d’Afrique de l’Ouest et, à chaque fois, la chute a été brutale. Portraits croisés de quatre élus qui, du Sénégal au Bénin, en passant par la Côte d’Ivoire et le Mali, ont côtoyé les sommets avant de sombrer.

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Il y a quelque chose de shakespearien dans le destin de Léhady Soglo. Prince déchu, il est Prospero dans La Tempête. Celui qui par naissance avait tout, le pouvoir et l’argent, et qui, ostracisé par une partie des siens, trouve refuge sur une île lointaine.

Qu’a-t-il pensé lorsqu’il a vu Luc Atrokpo, qui fut un temps son compagnon de route, revêtir l’écharpe de maire de Cotonou, le 6 juin dernier ? Et qu’avait-il ressenti, quelques semaines plus tôt, en entendant son propre père, l’ancien président Nicéphore Soglo, dire que la défection d’Atrokpo, passé de la Renaissance du Bénin (RB) à la majorité présidentielle, était « une bonne leçon pour Léhady » ? Quel rôle joue-t-il dans la recomposition de l’opposition ? Pour le savoir, il faut sonder ses proches. Léhady Soglo, lui, ne souhaite pas se confier.

En exil en France depuis août 2017, l’ancien maire de Cotonou panse ses plaies loin du tumulte politique béninois et s’astreint à un silence quasi monacal. « Il craint qu’une prise de parole publique ne le desserve, nous expliquait un membre de son entourage que nous avions rencontré à la fin du mois de juin. Il sait que la justice peut avoir la main très lourde envers les opposants en exil. »

Il ne pensait pas si bien dire… Le 1er juillet, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a reconnu Léhady Soglo coupable d’abus de fonction et l’a condamné à dix ans de prison ferme, à 5 millions de F CFA d’amende et au paiement de 267 millions de F CFA de dommages et intérêts à l’État béninois, qui s’était constitué partie civile.

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