Politique

Gabon : à Paris et Banjul, les derniers recours de Jean Ping

Si Jean Ping semble dans une impasse politique à Libreville, l’opposant gabonais tente toujours de plaider sa cause devant la justice française et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples.

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Mis à jour le 29 juin 2020 à 12:22

Jean Ping Jean Ping, à Paris le 17 02 2016. © Vincent Fournier/JA

L’avenir de Jean Ping peut-il encore se jouer à l’étranger, loin des rives de l’Estuaire où son sort politique semble scellé ? L’ancien président de la Commission de l’Union africaine, qui revendique toujours sa victoire à l’élection présidentielle gabonaise de 2016, a ouvert un nouveau front devant le tribunal administratif de Paris.

L’association « Éveille-toi Gabon », représentée par l’avocat français William Woll, a en effet saisi les juges de cette juridiction afin qu’elle contraigne l’État français à produire les documents concernant les prêts accordés en novembre 2017 et juin 2018 au Gabon par l’Agence française de développement (AFD).

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« Éveille-toi Gabon » estime en effet que les sommes versées par l’AFD au Gabon, garanties par la France, « n’ont jamais financé le moindre projet » de développement mais ont contribué à « maintenir en place le gouvernement illégal d’Ali Bongo ». L’association demande donc l’annulation de la garantie de l’État français aux prêts de l’AFD.

Le silence de la France

William Woll avait écrit une première fois le 22 août 2018 au ministère français de l’Économie et des Finances pour obtenir copie de l’ensemble des documents préparatoires aux prêts. Mais aucune réponse ne lui avait été faite. Le 2 octobre 2018, l’avocat avait ensuite saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) pour forcer la communication du ministère français.

Le 6 juin 2019, la Cada a jugé la requête d’« Éveille-toi Gabon » recevable et prononcé « un avis favorable à la communication des documents sollicités », « sous réserve de l’occultation préalable des mentions couvertes par le secret des affaires (…) ainsi que, le cas échéant, de celles dont la communication porterait atteinte à la conduite de la politique extérieure de la France ».

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Selon nos informations, aucune suite n’a cependant été donnée par le ministère de l’Économie et des Finances français depuis cette date. Raison pour laquelle les soutiens de Jean Ping en France ont saisi le tribunal administratif de Paris le 2 mars dernier, espérant obtenir l’application de l’avis de la Cada.

Un deuxième plainte en Gambie

Par ailleurs, une autre procédure, entamée le 13 février 2018, est toujours en cours concernant Jean Ping à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) à Banjul, en Gambie. L’opposant y a déposé une requête destinée à invalider la décision de la Cour constitutionnelle gabonaise désignant Ali Bongo Ondimba comme vainqueur de l’élection présidentielle 2016.

Pilotée depuis la France par les activistes Alain Ogouliguendé et Jean-Jacques Bourdette, cette plainte se fonde sur l’article 13 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, laquelle consacre le droit à des élections libres. Mais le 12 mars dernier, la Commission a repoussé son examen à une session ultérieure.