Le Béninois Éloi Laourou n’est plus candidat à la succession du Brésilien Roberto Azevêdo à la direction générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Bénin, qui a annoncé le retrait de sa candidature à ses partenaires de l’OIF au sein de l’OMC par un courrier daté du 12 juin, dont Jeune Afrique a pris connaissance, a en outre décidé « d’accorder son soutien à la candidature de la République fédérale du Nigeria, en la personne du Dr Ngozi Okonjo-Iweala ».
« Le meilleur profil »
L’information, qui devrait être officiellement rendue publique en début de semaine, a été confirmée à Jeune Afrique par une source gouvernementale béninoise. « Nous avons étudié les candidatures, et il est clair que Ngozi Okonjo-Iweala a le meilleur profil pour l’emporter, pour que ce poste revienne enfin à l’Afrique », assure notre interlocuteur.
Selon nos informations, le président béninois Patrice Talon a échangé vendredi avec son homologue nigérian, Muhammadu Buhari, pour lui annoncer sa décision et lui en expliquer les motivations.
Le retournement du Bénin est d’autant plus surprenant que les relations avec son voisin nigérian sont tendues depuis plusieurs mois. Le Nigeria a en effet fermé ses frontières en août dernier et refuse, depuisde les rouvrir.
Le soutien à la candidature nigériane est-elle un gage donné à Abuja en vue de normaliser les relations entre les deux pays ? « Non. C’est simplement la preuve que le Nigeria est, et reste, un partenaire privilégié du Bénin. Par ailleurs, l’objectif est clair : avoir la meilleure candidature africaine possible. Et dans ce cadre, Patrice Talon a considéré que Ngozi Okonjo-Iweala était la mieux placée. Si nous avions considéré que celle de l’Égyptien Abdel Hamid Mamdouh était meilleure, nous aurions opté pour lui », assure notre source.
Éloi Laourou, diplomate de carrière et actuel ambassadeur du Bénin auprès de l’ONU et d’autres organisations internationales basées à Genève, avait annoncé sa candidature fin mai. Il attendait depuis que Cotonou lui apporte formellement son soutien.
En quête d’un consensus
Cette décision intervient dans un contexte particulier. Quelques semaines avant la démission surprise de Roberto Azevêdo, annoncée mi-mai – soit un an avant la fin de son mandat – , les chefs d’État africains avaient réitéré leur volonté d’une candidature unique du continent pour prendre la tête de l’OMC, lors du 33e sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba, le 10 février.
Dans le courrier de la représentation diplomatique béninoise auprès de l’ONU et autres institutions internationales basées à Genève, adressé le 12 juin aux diplomates des États membres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), les autorités béninoises insistent d’ailleurs sur ce point. Leur décision, indiquent-elles, « est inspirée par le sens élevé de la recherche du consensus d’un candidat qu’endossera l’Union africaine ».
Avec le retrait de la candidature d’Éloi Laourou, le consensus reste cependant encore à trouver. Outre la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, deux autres candidats africains restent en lice : la Kényane Amina Mohamed et l’Égyptien Abdel Hamid Mamdouh.