Agroalimentaire : la viande, prochain pilier de l’économie tchadienne

Premier exportateur de bétail de la sous-région avec une viande réputée excellente, le pays mise sur l’ouverture d’abattoirs et d’unités de transformation pour doper la filière.

Centre d’élevage de Bol, dans la région du lac Tchad. © Abdoulaye Barry

Centre d’élevage de Bol, dans la région du lac Tchad. © Abdoulaye Barry

Madjiasra Nako

Publié le 20 juin 2018 Lecture : 2 minutes.

Le président tchadien, Idriss Déby Itno, lors d’une visite en Allemagne en octobre 2016. © Markus Schreiber/AP/SIPA
Issu du dossier

Tchad : nouvelle République

la Constitution promulguée le 4 mai a considérablement renforcé les pouvoirs du chef de l’État, plus que jamais présent sur tous les fronts pour convaincre et sortir le pays de la crise financière.

Sommaire

Objectif : 220 000 tonnes. C’est la quantité de viande que souhaite exporter chaque année le Tchad à moyen terme. Soit dix fois plus qu’aujourd’hui. Avec, selon le dernier recensement réalisé au début de mai, 83 millions de têtes de bétail, le pays a le potentiel pour faire mieux. Mais pour que la viande et les produits dérivés de l’élevage deviennent un pilier de son économie, le Tchad ne veut plus se contenter d’exporter ses animaux sur pieds. Il doit transformer.

C’est dans ce but que le gouvernement a décidé, en 2015, de construire neuf abattoirs d’une capacité annuelle de 10 000 à 70 000 tonnes chacun, en complément de celui de Farcha, situé dans la capitale et qui fournit aujourd’hui la quasi-totalité de la production nationale.

Le site de Djarmaya, le plus grand, peut traiter quotidiennement jusqu’à 1 500 bovins, 3 000 ovins et caprins, et 500 camelins

la suite après cette publicité

Cofinancements

Deux abattoirs sont déjà en activité, à Djarmaya et à Moundou. Les autres attendent « une amélioration de l’économie pour se lancer », confie l’ancien ministre de l’Élevage, Mahamat Annadif Youssouf, devenu secrétaire général adjoint de la Présidence en mai. Le site de Djarmaya, le plus grand, le plus coûteux aussi – un investissement de 37 milliards de F CFA (56,4 millions d’euros) –, peut traiter quotidiennement jusqu’à 1 500 bovins, 3 000 ovins et caprins, et 500 camelins.

Il a été financé pour moitié par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), tout comme le projet de complexe industriel agroalimentaire de Mandélia, à 50 km de N’Djamena, ou les fermes multifonctionnelles du complexe d’exploitation des ruminants de Djarmaya.

Outre l’ouverture prochaine d’abattoirs supplémentaires, les acteurs du secteur se félicitent d’une autre bonne nouvelle : la reprise des exportations vers le Nigeria, principal client du pays, après plusieurs années d’arrêt inhérent à l’occupation de la région frontalière par Boko Haram. De quoi muscler les perspectives de la filière viande.

Reprise des ventes vers le Nigeria

Avec la libération de l’axe N’Djamena-Maïduguri au début de cette année, les exportations de bétail vers le Nigeria ont enfin pu reprendre. Selon les statistiques douanières, près de 80 000 bœufs y sont entrés ces derniers mois. Un chiffre bien timide par rapport à un passé pas si lointain, mais l’essentiel est ailleurs.

Près de 80 000 bœufs sont entrés au Nigeria ces derniers mois

la suite après cette publicité

« Beaucoup d’éleveurs se souviennent des centaines de bœufs volés aux éleveurs par Boko Haram jusqu’en 2016 », explique un douanier tchadien posté à Nguéli, point traditionnel de sortie du cheptel vers le sud. Une époque que tous les acteurs de la filière, des deux côtés de la frontière, espèrent définitivement révolue.

L'eco du jour.

Chaque semaine, recevez le meilleur de l’actualité africaine.

Image