Tribune : Yaoundé dans l’impasse pour son emprunt obligataire

En lançant un appel d’offres en février pour recruter une ou des banques pouvant l’aider à structurer son sixième emprunt obligataire, le gouvernement camerounais escomptait une ruée. Las ! À ce jour, aucune offre n’a été reçue.

Vue de Yaoundé, Cameroun. © Cifor/ CC/Flickr

Vue de Yaoundé, Cameroun. © Cifor/ CC/Flickr

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  • Omer Mbadi

    Correspondant de Jeune Afrique au Cameroun, il couvre l’actualité de ce pays en particulier et de l’Afrique centrale en général, avec un intérêt marqué pour l’économie et la finance. Il s’intéresse également aux institutions communautaires de la sous-région.

Publié le 17 mai 2018 Lecture : 2 minutes.

Le gouvernement camerounais ne s’attendait pas à une telle indifférence. Le timing est pourtant loin d’être anodin. C’est en principe en juin que l’État émetteur comptait initialement mettre en branle cette opération. Après le comité de politique monétaire de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) prévu à la fin de mai. Une échéance capitale, attendue à la fois par Yaoundé et ses prêteurs, à l’issue de laquelle seront publiés les résultats concernant le respect des critères de convergence en 2017 des pays de la zone franc.

À cause d’une semaine de retard par rapport à une échéance de remboursement en 2016, le Cameroun fut pris en défaut sur ses arriérés extérieurs et sanctionné. Son coefficient de pondération est subitement passé de 0 % à 65 % le 31 mai 2017. Pour prêter 100 au gouvernement, une banque doit constituer une provision de capital pour couvrir 65.

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Défiance bancaire

Conséquence : les établissements de la zone rechignent à accroître leur exposition au « risque » Cameroun, dans la mesure où une augmentation de leurs engagements sur l’État les obligerait à mobiliser une part de plus en plus croissante de leur capital afin de couvrir ce risque.

Cette contrainte l’a obligé à renoncer à un emprunt obligataire de 130 milliards de F CFA (198 millions d’euros) l’année dernière. Pourtant, des manœuvres visant à amadouer la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), afin qu’elle se montre conciliante envers les banques susceptibles d’être bienveillantes à l’égard de Yaoundé, n’ont pas manqué. Le régulateur n’a voulu accorder aucun traitement de faveur.

31 milliards de F CFA pour la dette intérieure

La défiance bancaire, du fait des contraintes prudentielles, persiste donc à l’endroit de l’État. Certes, le gouvernement, qui doit mobiliser 250 milliards de F CFA pour combler son déficit budgétaire cette année, continue d’émettre des bons du Trésor. Mais, à quelques mois du scrutin présidentiel d’octobre, un autre verdict négatif du régulateur, qui entraînera probablement l’annulation de la prochaine levée de fonds, serait politiquement du plus mauvais effet.

Pour l’heure, Yaoundé vient de débloquer 31 milliards de F CFA pour réduire sa dette intérieure. Cette décision améliorera très légèrement sa performance en matière de critères d’endettement (qui ne doit pas dépasser 70 % du PIB) et d’arriérés de paiement. Pour autant, cela sera-t-il suffisant pour changer la donne ?

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