Liberia : comment Claude Le Roy a détecté chez George Weah un potentiel hors-norme

Alors sélectionneur du Cameroun, le Français Claude Le Roy a tout de suite repéré le potentiel du jeune footballeur George Weah, aujourd’hui devenu président du pays.

Claude Le Roy en 2008, alors sélectionneur du Ghana. Ici sur le bord du terrain. © Alastair Grant/AP/SIPA

Claude Le Roy en 2008, alors sélectionneur du Ghana. Ici sur le bord du terrain. © Alastair Grant/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 1 mars 2018 Lecture : 2 minutes.

Claude Le Roy l’assure : il n’a pas été surpris d’être invité à la cérémonie d’investiture de George Weah. « Il a de la mémoire. Depuis que nous nous connaissons, nous avons toujours gardé contact. » Tour à tour joueur, entraîneur et sélectionneur, le Français est une figure du football africain. Depuis 2016, il officie auprès des Éperviers du Togo, et, ce 22 janvier, c’est à bord de l’avion présidentiel et au côté du président togolais Faure Gnassingbé qu’il s’est rendu à Monrovia.

C’est Le Roy qui, le premier, a remarqué le talent de ce jeune Libérien inconnu. « Il s’appelait George Opong. J’étais le sélectionneur du Cameroun, raconte Le Roy. Le Tonnerre Yaoundé, l’un des meilleurs clubs du pays à l’époque, l’avait fait venir. On m’avait montré ses vidéos, et j’avais dit aux dirigeants du Tonnerre qu’ils ne se trompaient pas. Quand George est arrivé à Yaoundé, j’ai assisté à l’un de ses entraînements. J’ai vite compris qu’il avait quelque chose en plus. »

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« Un des footballeurs les plus doués des années 1990 »

À l’époque, Claude Le Roy écume le Cameroun pour y dénicher de nouveaux talents. Il décèle vite chez cet ado né à Clara Town, un bidonville de Monrovia, un potentiel hors norme. « Il avait le talent, la vitesse, la technique et la détente. C’était un félin. Bien sûr, il avait appris le foot dans la rue et devait travailler. Mais dès qu’il en a eu l’occasion, il a prouvé qu’il possédait les qualités qui ont fait de lui l’un des footballeurs les plus doués des années 1990. »

Georges Weah en 1996, alors au Milan AC, lève son ballon d or sous les applaudissement du public. © Carlo Fumagalli/AP/SIPA

Georges Weah en 1996, alors au Milan AC, lève son ballon d or sous les applaudissement du public. © Carlo Fumagalli/AP/SIPA

Le Roy comprend vite que Weah veut évoluer en France. « Il avait cette motivation qui ne trompe pas. Il voulait progresser. » Au stade Ahmadou-Ahidjo de Yaoundé, le jeune footballeur lui demande régulièrement conseil. « Il voulait savoir s’il allait bientôt partir en Europe. J’avais alerté Arsène Wenger, alors entraîneur de l’AS Monaco. Henri Biancheri, le directeur sportif du club, est venu le voir jouer. J’avais assuré aux Monégasques qu’en le recrutant ils ne commettraient pas d’erreur. »

« Certains de ses anciens coéquipiers ont eu des mots très durs à son encontre quand il s’est déclaré candidat à la présidence. Pourtant, ces mêmes personnes n’ont existé qu’à travers lui » dénonce Le Roy

La suite lui donnera raison. George Opong, devenu Weah, s’impose à l’AS Monaco, au PSG puis au Milan AC, construisant un palmarès individuel et collectif impressionnant – sans jamais oublier le Liberia, assure Le Roy.

« Il s’est beaucoup investi pour son pays. Quand il jouait pour la sélection nationale, il payait souvent les déplacements ou l’hôtel, car la fédération n’en avait pas les moyens. Il avait aussi promis que le Liberia participerait à la CAN. C’est arrivé deux fois, en 1996 et en 2002. Certains de ses anciens coéquipiers ont eu des mots très durs à son encontre quand il s’est déclaré candidat à la présidence. Pourtant, ces mêmes personnes n’ont existé qu’à travers lui. »

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George Weah, 51 ans, a défié tous les pronostics et s’est imposé au sommet de l’État. Attendu le 21 février pour une visite officielle en France, il sait que la popularité d’un homme politique est beaucoup plus friable que celle d’un grand footballeur.

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