Présidentielles au Rwanda 2017 : Frank Habineza contre Goliath

Lors de la dernière élection présidentielle, en 2010, Paul Kagame était confronté à trois concurrents, qui faisaient tous partie de la coalition gouvernementale. L’affiche du scrutin de 2017 a, cette fois, le mérite de la clarté. Les partis de cette alliance ont décidé de soutenir le président sortant, tandis que quatre opposants n’ont a priori pas été autorisés à concourir, à l’exception notable de Frank Habineza.

Frank Habineza, candidat du Parti démocratique vert du Rwanda. © STEPHANIE AGLIETTI/AFP

Frank Habineza, candidat du Parti démocratique vert du Rwanda. © STEPHANIE AGLIETTI/AFP

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Publié le 19 juillet 2017 Lecture : 1 minute.

Vue de la capitale rwandaise Kigali, où se réunissent près de 200 pays ce jeudi pour évoquer les gaz HFC. © Ben Curtis/AP/SIPA
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Rwanda : droit devant

Alors que la campagne pour la présidentielle du 4 août bat son plein, la victoire semble déjà acquise à Paul Kagame. Décryptage d’un mode de gouvernance et d’un modèle de société singuliers.

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Peu connu des Rwandais, Frank Habineza se présente au nom du Parti démocratique vert du Rwanda (RDGP), unique formation d’opposition légalement enregistrée dans le pays. Formé en 2009 par d’anciens membres du Front patriotique rwandais (FPR), ce parti a connu de nombreuses épreuves – comme l’assassinat non élucidé de son vice-président Andre Kagwa Rwisereka en 2010 – avant d’être finalement reconnu, en 2013.

Trop tard pour concourir aux élections législatives, organisées la même année. Deux ans plus tard, Franck Habineza a été l’une des très rares voix à s’opposer à la réforme constitutionnelle, qui permet aujourd’hui à Paul Kagame de se représenter.

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Pour ce jeune homme né en 1977 en Ouganda, à la tête d’un parti qui compterait « au moins 300 000 membres », selon Jean-Claude Ntezimana, son secrétaire général, ce scrutin sera donc un baptême du feu électoral.

Une voix critique

Le RDGP va tenter de faire entendre sa différence, notamment sur la réforme du système scolaire, qu’il souhaiterait plus francophone, ou encore sur celle de l’agriculture, qu’il juge trop autoritaire. « On impose aux paysans des monocultures, plus vulnérables aux maladies, alors qu’ils sont les mieux placés pour savoir ce qui pousse sur leur terre », estime Jean-Claude Ntezimana.

Il dénonce par ailleurs la campagne Ndi Umunyarwanda (« je suis rwandais »), dans le cadre de laquelle des proches de génocidaires sont amenés à s’excuser publiquement pour leurs exactions. « Ce n’est pas correct, affirme-t-il. Seuls ceux qui ont commis des crimes doivent être jugés. »

Ce type de critiques publiques, bien que mesurées, est une nouveauté dans la vie politique rwandaise.

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