
Le Sofitel Malabo President Palace. © Vincent Fournier/JA
Doté de capacités hôtelières qui lui permettent d’accueillir de grands événements, le pays espère attirer de simples voyageurs d’agrément. Premier défi : alléger les conditions d’octroi des visas.
À quelque chose malheur est bon, dit l’adage. La crise économique liée à la baisse des cours mondiaux des hydrocarbures a vidé les hôtels d’une grande partie de leur clientèle d’affaires. Du coup, resté jusqu’à présent vœu pieux, le projet de faire du tourisme un moteur de diversification refait surface. Et cette fois semble la bonne. Plus question de fermer les yeux sur les obstacles à l’essor touristique que sont les barrages policiers, les conditions de délivrance des visas, l’accueil souvent morose réservé aux étrangers, le manque d’offres de loisirs, la cherté de la destination (billets d’avion, hôtels, restaurants mais aussi produits de base)… Depuis quelques mois, tout est passé au crible pour attirer une clientèle que l’on veut plus nombreuse, mais sur des créneaux ciblés.
Première mesure prise, la création d’un ministère du Tourisme à part entière, qui est même devenu un ministère d’État. L’un de ses grands chantiers du moment est le projet de décret portant sur les conditions d’octroi du visa touristique, qui doivent être assouplies. Un dossier sur lequel le ministère est associé à ceux de la Sécurité nationale et des Affaires étrangères.
Nous ne voulons pas que l’on confonde migration et tourisme
Parmi la centaine de pays présélectionnés, dont les ressortissants pourront obtenir facilement un visa touristique, ne figurent pas les pays de la sous-région, à l’exception des voisins lusophones (Angola et São Tomé-et-Príncipe). De quoi faire grincer les dents… « Nous ne voulons pas que l’on confonde migration et tourisme », se défend Tomas Mecheba Fernandez Galilea, le ministre d’État chargé du Tourisme.
Diversification du tourisme
Préoccupés par le faible taux de remplissage de leurs établissements depuis un an, les hôteliers militent pour la relance du tourisme d’affaires, le développement de l’événementiel et l’organisation de congrès internationaux. Le ministère du Tourisme, lui, entend miser sur plusieurs segments – tourismes d’agrément et d’aventure, incentive (séminaires d’entreprises à thème), écotourisme – sans perdre de vue l’importance du marketing et de l’image de marque.
La Guinée équatoriale offre d’incontestables atouts : une diversité de paysages et de sites, la sécurité, un bon réseau d’aéroports et de routes
D’où la création d’un logo, dont le design, très graphique, résume les quatre atouts naturels du pays : le soleil, la plage, la forêt et la mer. Autre nouveauté : la participation du pays à des salons touristiques internationaux (Madrid, Berlin, Naples…) pour se faire connaître. Un site web est par ailleurs à l’étude.
Hotel Djibloho © muriel devey pour Jeune Afrique
Dans cette course à la clientèle, où la concurrence est mondiale, la Guinée équatoriale offre d’incontestables atouts : une diversité de paysages et de sites, la sécurité, un bon réseau d’aéroports et de routes qui facilitent les déplacements. Enfin, de grandes capacités d’hébergement et des espaces de rencontre (salles de conférences et stades) qui lui ont permis d’accueillir ces dernières années des événements importants, comme des sommets de chefs d’État – de l’Union africaine ou de la Cemac – ou encore la Coupe d’Afrique des nations (CAN), coorganisée avec le Gabon en 2012 et qui a pu se tenir sur son sol au débotté en 2015, après le désistement du Maroc, justement grâce à ces capacités.
Investissements touristiques
Reste à convaincre les entreprises étrangères d’organiser des incentives dans le pays. Sur ce plan, la qualité de l’offre hôtelière ne suffit pas pour conjuguer séminaires, découverte, shopping et détente. Par ailleurs, pour le tourisme d’agrément, qu’il soit balnéaire, de randonnée ou écolo, les grands hôtels ne sont pas les mieux adaptés, il faut donc créer une nouvelle offre.
D’où les investissements à réaliser dans la construction de lodges, l’aménagement de sites et, surtout, le développement de services et de loisirs pour les futurs touristes. Après l’ouverture mi-2016 du parc national de Malabo, les autorités équato-guinéennes travaillent à la création d’un parc animalier de 1 500 ha près de Djibloho, dans le centre du Río Muni, ainsi qu’à la construction d’un funiculaire permettant de grimper au Pico Basilé, un ancien volcan niché à plus de 3 000 m d’altitude sur l’île de Bioko.
Conscientes du potentiel du pays, des agences de voyages comme Viaja y Punto ou Ruta 47, qui ont des relais en Espagne, ont déjà pris les devants et organisent des circuits. De même, certains hôtels, comme le Sofitel Malabo Sipopo, proposent désormais des packages d’activités, tels le Sea, Sun and Golf.
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