Littérature : « D’une traite » imagine le jour où l’Europe viendra chercher des migrants en Afrique

Dakar, dans un futur proche. Mbagnick se cache. Les employés de l’Agence nationale pour l’émigration et la coopération internationale le recherchent pour l’envoyer en Europe.

Une femme originaire de Côte d’Ivoire attend d’être secourue par une ONG au large de la Libye, le 23 février 2017. © Santi Palacios/AP/SIPA

Une femme originaire de Côte d’Ivoire attend d’être secourue par une ONG au large de la Libye, le 23 février 2017. © Santi Palacios/AP/SIPA

Publié le 23 février 2017 Lecture : 1 minute.

Ignorants de la menace qui pèse sur leur ami, Badou – fervent opposant au président Raphaël Bacar Lô, qu’il juge vendu aux anciennes puissances coloniales –, Ambroise, Binta et Yandé fréquentent la moderne université Cheikh-Anta-Diop, fleuron d’un Sénégal riche devenu la vitrine de la sous-région. Surtout Yandé, étudiante en biologie dont les travaux pourraient résoudre « le mal qui ronge l’Occident », à savoir la stérilité, et le manque de main-d’œuvre qui en découle.

Pour échapper à l’« émigration volontaire », Mbagnick s’enfuit dans le Sine Saloum, mais une fois dans la jungle rien ne se passe comme prévu et une « course effrénée à travers bois, à travers brousse » s’engage. Pendant ce temps, sur le campus, la révolte gronde. « Coopération oui, déportation jamais ! » La jeunesse ne veut plus de son leader corrompu, prêt à la vendre pour quelques millions d’afrodollars… La rue s’enflamme : « Puberté, natalité, captivité ! »

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Une Europe moribonde

Le récit, haletant, navigue entre chaos urbain et chasse à l’homme au cœur d’une forêt qui « déploie ses voûtes comme des mains autour d’une bougie ». Notre ancien collaborateur Fabien Mollon dessine ses héros avec finesse, et quand, déchirés, soumis à des forces qui les dépassent, ils rêvent, sa plume se fait lyrique, sa voix devient chant, « doux comme un linceul, dur comme un cercueil ».

Ce monde est si plausible, ses difficultés si contemporaines que le journaliste semble anticiper simplement l’évolution d’une Histoire déjà bien connue. Après avoir exploité les forces vives du continent, après avoir pillé ses ressources naturelles, quoi de plus logique qu’une Europe « moribonde » s’emparant de la sève et des ventres africains ? « Le cycle infernal continue. »

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