Tchad : Mahamat Saleh Haroun, un cinéaste au gouvernement

Le cinéaste Mahamat Saleh Haroun a accepté un poste de ministre au sein du gouvernement tchadien. Pour promouvoir son art, dit-il, au risque d’entacher son image.

C’est en 2010 que le réalisateur, tout juste primé à Cannes, a rencontré pour la première fois Idriss Déby Itno. © Maria Laura Antonelli /Rex/SIPA

C’est en 2010 que le réalisateur, tout juste primé à Cannes, a rencontré pour la première fois Idriss Déby Itno. © Maria Laura Antonelli /Rex/SIPA

Christophe Boisbouvier

Publié le 17 février 2017 Lecture : 1 minute.

«J’ai le cœur pur et la conscience tranquille », rétorque Mahamat Saleh Haroun à ceux qui lui reprochent d’accepter le poste de ministre du Développement touristique, artisanal et culturel dans un pays, le Tchad, où l’alternance démocratique n’existe pas.

Voilà au moins sept ans que le grand cinéaste tchadien (Abouna, Daratt, Un homme qui crie…) et Idriss Déby Itno se connaissent.

Je ne ferai pas ce que ma conscience ne me permet pas.

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En 2010, au lendemain d’un Festival de Cannes où il est distingué, Haroun rencontre le chef de l’État, qui lui demande de créer à N’Djamena une école de cinéma pour l’Afrique centrale. Le projet n’avance guère, mais, au début de cette année, Haroun, qui habite Paris, reçoit un coup de téléphone du président tchadien, qui lui propose d’entrer au gouvernement pour mettre son talent au service du pays. « Je vous donne un oui de principe », répond le cinéaste, qui prend le temps de consulter son épouse et quelques amis avant d’accepter définitivement.

Promouvoir la culture tchadienne

Par ce geste, Mahamat Saleh Haroun sait qu’il risque d’esquinter son image d’homme libre. Mais « je ne ferai pas ce que ma conscience ne me permet pas », confie-t-il. À 56 ans, il a une obsession : apprendre son art aux jeunes. « Je veux transmettre pour ne pas mourir. Au Tchad, ce sont les autres qui se permettent de donner une représentation de nous-mêmes. Moi, je veux qu’un regard tchadien se pose sur notre société. »

Haroun espère aussi inviter à N’Djamena de grands noms comme Robert de Niro et Nathalie Baye. Son inspirateur ? Le réalisateur sud-coréen Lee Chang-dong, qui, en 2003, est entré brièvement dans le gouvernement de son pays pour imposer des quotas aux films américains et sauver la production nationale. Haroun veut rester cinéaste : « Cette mission est comptée dans le temps. Après, je reviendrai à mes premières amours. »

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