Automobile : la famille Tata en perte de vitesse en Afrique

Malgré la diversité de leurs activités et leur réputation de probité, les Tata ne marquent pas vraiment de points en Afrique. Seraient-ils timorés ?

La Tata Nano, première voiture low cost. © Michael RUBENSTEIN/REDUX-REA

La Tata Nano, première voiture low cost. © Michael RUBENSTEIN/REDUX-REA

Publié le 17 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Entre les Tata et l’Afrique, c’est une vieille histoire. Au début du XXe siècle, le Mahatma Gandhi vit en Afrique du Sud, où il se bat pour les droits civiques des Indiens. Le fils cadet de Jamsetji Tata lui verse 125 000 roupies pour le soutenir dans son combat.

Secteurs diversifiés

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Et pourtant, depuis, la relation s’est distendue. Si l’on se fie à son site internet, le holding Tata Africa (créé en 1994) serait présent dans « plus de 11 pays du continent », par le biais de ses filiales, et Tata Motors, la branche automobile du groupe, dans 19 États. « Tata Africa dit employer 1 500 personnes et évalue ses investissements en Afrique à plus de 145 millions de dollars. Ces chiffres, plutôt faibles, parlent d’eux-mêmes », tranche Jean-Joseph Boillot, conseiller au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), à Paris.

De fait, le conglomérat ne s’est réellement impliqué en Afrique qu’à partir de 1977, lorsqu’il a ouvert une filiale en Zambie chargée de l’importation et de la vente de ses véhicules sur le continent. Le contexte est alors favorable : l’Inde est le leader des pays non alignés, et le souvenir de Gandhi reste vivace. Le groupe s’établit ensuite au Zimbabwe, au Mozambique et en Ouganda. « Il s’est impliqué dans des secteurs variés – automobile, informatique, mines, chimie… –, là où d’autres groupes indiens avaient tendance à se spécialiser », explique E.B. Rajesh, directeur du programme Afrique à la Confédération de l’industrie indienne.

Un commerce plus éthique que les autres ?

Une diversité qui n’est pas sans inconvénients. « En Afrique, les Tata sont loin de dominer un secteur économique, juge Ruchita Beri, spécialiste des relations indo-africaines à New Delhi. Et dans aucun pays du continent ils ne possèdent une influence comparable à celle des Gupta en Afrique du Sud. » Peut-être parce que leurs pratiques commerciales répondent à une certaine éthique, là où les Gupta sont souvent accusés de collusion avec le clan Zuma. « Cette façon de faire du business a empêché les Tata de développer des relations avec les milieux politiques et a pu freiner leur développement sur le continent », estime Jean-Joseph Boillot.

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Aujourd’hui, l’implantation du groupe est liée à la présence d’une diaspora indienne : Afrique du Sud, Ouganda et Afrique de l’Est en général. Un mouvement s’esquisse dans des pays francophones (Sénégal, Côte d’Ivoire…), mais reste timide. « Dans les années 2000, Tata a préféré acquérir des fleurons européens qu’investir en Afrique. Sa croissance sur le continent est le fruit de ces acquisitions, car Jaguar, Land Rover ou Corus y étaient déjà implantés », résume Boillot.

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