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Fatwa d’amour

En matière de fatwas, l’année 2016 n’est pas un bon cru. Cependant, il faut reconnaître une certaine variété, un léger changement de contenu, voire un appel à la méfiance lancé par les religieux eux-mêmes face aux risques liés à une consommation immodérée des fameux décrets religieux. Démonstration.

Fawzia Zouria

Publié le 20 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Les fatwas classiques : empreintes comme toujours de ridicule et qui nous viennent pour la plupart de la région du Golfe. Ainsi, le Saoudien Mohammad Saleh Al Munadjid a décrété que les statues de neige sont illicites, car « construire un bonhomme de neige revient à créer l’image d’un être humain, ce qui est un péché ». Le mufti Abdulazziz Bin Abdullah a interdit le jeu d’échecs, qui serait une « perte de temps et d’argent », et un autre de ses compatriotes a condamné l’utilisation des machines à laver le linge parce qu’elles rendraient les vêtements impurs. Enfin, le Département des affaires islamiques et des activités caritatives (Iacad) de Dubaï a déclaré illicite le recours au wifi d’une autre personne sans permission, au motif que « le vol n’est pas toléré dans l’islam ».

Les diplomatiques : à la question d’une téléspectatrice sur son droit de divorcer de son époux algérien qu’elle a découvert marié à une Tunisienne et à une Marocaine, le cheikh algérien Chams Eddine al-Jazairi a répondu sans rire : « Votre mari croit à l’Union du Maghreb arabe […]. Il devrait ajouter une Libyenne et, comme ça, il réussira l’unité du Maghreb arabe dans son ensemble. » Plus sérieux, après la fatwa d’un religieux saoudien contre l’organisation de manifestations de soutien à la population de Gaza lors des bombardements israéliens, le fameux cheikh égyptien Youssef al-Qaradhawi vient de décider qu’il faut interdire les opérations martyres contre les sionistes, revenant sur un autre appel qui préconisait le contraire. Toujours au rayon diplomatie, mais sur un ton autrement sincère, la fatwa d’un millier de religieux musulmans indiens condamnant les actions de Daesh.

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Les écologiques : la plus haute instance islamique d’Indonésie a émis une fatwa contre les incendies de forêts volontaires qui ravagent l’archipel d’Asie du Sud-Est, affirmant : « Le Coran indique que nous n’avons pas le droit de nuire à l’environnement. »

Il faut croire que le vent est en train de tourner pour les fatwas grotesques et qu’on s’achemine vers une limitation de leur profusion. À preuve, les Algériens se demandent de plus en plus s’il ne vaut pas mieux user des fatwas locales à la place des fatwas importées. Selon le journal Echourouk, l’Algérie, devenue le « pays du million de muftis », peut se satisfaire des produits du terroir.

L’imam palestinien Cheikh Salah-Eddine Ibn Ibrahim est allé plus loin en exhortant les Algériens à ignorer les « prédicateurs manipulateurs » et les « cheikhs autoproclamés » qui sont aujourd’hui légion dans le monde arabe et qui ont semé le chaos : « Depuis l’avènement de Sayyid Qutb, de Ghannouchi, d’Al-Banna, d’Al-Qaradhawi, les musulmans ont délaissé les prophètes et le Coran. »

Voilà qui est clair et courageux. Et qui pousse à l’optimisme. Alors profitons de la situation, et allons-y avec notre propre fatwa : une fatwa d’amour et de paix pour 2017 !

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