Madagascar : ballade dans les rues de Tana

Ses maisons accrochées aux collines, ses jacarandas mauves et violets, son lac et ses lumières incroyables… Balade dans une ville qui bouge mais qui n’a rien perdu de son charme, ni de son âme.

Le très populaire marché Zoma. © ONLY FRANCE

Le très populaire marché Zoma. © ONLY FRANCE

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Publié le 24 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Vue du lac Anosy, à Tananarive, capitale de Madagascar. © Sascha Grabow/Wikimedia Commons
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Madagascar : nouveau départ ?

Près de trois ans après la fin de la crise politique et l’investiture du président Hery Rajaonarimampianina, Antananarivo aspire enfin à la stabilité et s’apprête à accueillir le XVIe sommet de la Francophonie, les 26 et 27 novembre.

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Depuis le balcon de sa villa typiquement tananarivienne, derrière le quartier de Faravohitra, le célèbre photographe de presse malgache Dany Be domine la capitale. Il peut admirer l’enchevêtrement de ses vieilles bâtisses accrochées aux collines qui dominent les rizières, au loin.

« Je me souviens qu’Antananarivo était classée parmi les dix plus belles villes du monde. Pour le photographe que je suis, elle le reste, car, avec sa lumière trouble de fin de journée, notamment à cause des feux de forêt en hiver, il y règne une atmosphère presque irréelle. » Lorsqu’on prend le temps de marcher sur ses pavés glissants ou de remonter ses interminables escaliers, on découvre une cité à la fois vivante et poétique.

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Ville royale

Sur les hauteurs, le Palais de la reine, ou Rova, fait office de phare. Bâti au XVIIe siècle, il abrita d’abord une importante garnison merina – d’où le nom d’Antananarivo (qui signifie « ville des mille » soldats) –, avant de devenir une résidence royale. C’est au XIXe siècle (1828-1861) que l’édifice en bois et en granit, alors aménagé par la reine Ranavalona II, devint palais royal. Dans la capitale, qui abrita longtemps une dynastie matriarcale, il deviendra « naturellement » le palais de la reine. Emporté par un incendie en 1995, il a été reconstruit en 2012. Et le soir, lorsque tombe la nuit, dominant le lac Anosy, il reste le repère lumineux des habitants de Tana.

Tara Shakti, peintre et poétesse qui vit entre Antananarivo et Bangkok, expose actuellement des portraits de femmes sans visage au Canela, un restaurant-lounge branché. « Mes toiles sont un hommage à ces mères, ces filles anonymes qui courent chaque jour pour faire vivre un foyer. À elles seules, elles résument l’esprit de la ville. »

Contrairement à son image de ville pauvre et figée dans le temps, Antananarivo est une ville qui bouge

Après la saison des pluies, la floraison des jacarandas mauves et violets redonne un coup de gaieté poudrée à la ville. « La première fois que j’ai vu les Champs-Élysées, à Paris, j’ai été déçu, je trouvais cela moins beau que notre avenue de l’Indépendance avec ses arbres en fleurs », se souvient Marcel Ramanandraibe, le patron de la Chocolaterie Robert (lire pp. 84-86).

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En face de cette élégante artère qui débouche sur le très populaire marché Zoma et ses échoppes aux toits coniques trône la vieille gare de Soarano. Construite en 1908 dans le plus pur style Art nouveau, elle a été reconvertie en centre commercial artisanal. Quant au Café de la Gare, qui a rouvert en 2012, il est devenu l’un des rendez-vous incontournables des noctambules.

Festivals de jazz, soirées électros, défilés de mode y sont régulièrement organisés et font revivre ce lieu hanté par le vacarme des vieilles locomotives à vapeur. « Contrairement à son image de ville pauvre et figée dans le temps, Antananarivo est une ville qui bouge », souligne Aina Raberanto, la rédactrice en chef du magazine culturel No Comment (lire encadré ci-dessous). En tout cas, sur le fronton de la gare, les aiguilles continuent de tourner sur le cadran. De bon augure pour les superstitieux Tananariviens, qui, avec cette horloge publique, trouvent le moyen d’être toujours à l’heure.

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Suivez le guide, et No Comment

En six ans d’existence, No Comment est devenu le guide culturel des noctam­bules malgaches. Tiré à 27 000 exemplaires, ce mensuel gratuit est disponible dans 1 000 points de distribution éparpillés dans les principales villes du pays. On peut aussi le consulter sur une application téléchargeable sur smartphone et sur son site internet (150 000 visiteurs par mois). En quelque 200 pages, il fait le tour des bons plans du mois. L’équipe de No Comment est installée sur l’avenue des Palmiers, au cœur de la capitale, dans une villa typiquement tananarivienne.

Elle a étendu ses activités à l’audiovisuel avec RLI FM (radio jazz) et réalise des reportages culturels et des clips musicaux diffusés dans les hôtels, les restaurants ou les clubs de l’île. Depuis novembre 2011, sa maison d’édition, No Comment® Éditions, a publié une douzaine de romans, nouvelles et essais d’écrivains locaux, ainsi que quelques beaux livres de photographes malgaches parmi lesquels Rijasolo, qui a participé à l’illustration de ce « Plus de Jeune Afrique », et Pierrot Men.

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