Et il est comment le dernier… Salman Rushdie

Jouissif. C’est le premier mot qui vient à l’esprit quand il s’agit d’évoquer le nouveau roman de Salman Rushdie – si tant est que le terme « roman » puisse convenir pour qualifier « Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits ».

Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits, de Salman Rushdie, traduit par Gérard Meudal, Actes Sud, 322 pages, 23 euros  ü

Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits, de Salman Rushdie, traduit par Gérard Meudal, Actes Sud, 322 pages, 23 euros ü

ProfilAuteur_NicolasMichel

Publié le 12 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Mille et une nuits

Vous avez bien compté, l’addition de toutes ces nuits en donne 1 001 et c’est sans doute par-là qu’il faut commencer. L’écrivain britannique d’origine indienne demeure un conteur hors pair qui sait donner libre cours à son imagination, quand l’époque est plutôt à l’autofiction ratiocinante. En Schéhérazade des temps modernes, l’auteur des Enfants de minuit entreprend à l’inverse de nous tenir en éveil avec une foultitude d’histoires toutes plus abracadabrantes les unes que les autres.

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Sans bride ni selle, lancé au galop à travers tous les genres littéraires – le conte, la nouvelle, la parabole, le roman – il nous narre avec une verve sans pareille l’intrusion des djinns dans le monde des humains et, pour parler net, nous réjouit avec la pagaille qu’ils y fichent ! Qu’un jardinier nommé Geronimo se mette à flotter cinq centimètres au-dessus du sol n’apparaît bientôt plus que comme une incongruité mineure, tant le monde devient dingue.

Sujets actuels

Enfin, à y regarder de plus près, pas si dingue que ça… Le réalisme magique de Rushdie, teinté de science-fiction et pimenté de l’actualité la plus récente est tellement riche de poésie, d’inventivité, d’humour, d’érotisme qu’il parvient à exprimer avec justesse toute la folie humaine, dans ce qu’elle a de meilleur comme dans ce qu’elle a de pire.

Tournant nos travers les plus détestables en dérision, ce Satan des lettres s’en donne à cœur joie contre tous les obscurantismes. Le racisme ?

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Vive l’avenir et l’évolution : « La couleur de peau n’est pas déterminée à la naissance, écrit-il. Nous adoptons la nuance de notre choix. Si, en tant que passionné de football, nous souhaitons adopter la pigmentation de notre équipe favorite, les Albicelestes ou les Rossoneri, aussitôt nous colorons notre corps en bleu à bandes blanches ou, plus dramatique, en rouge et noir. »

Le terrorisme ? La solution est dans l’érotisme ! « Lorsque des jeunes gens solitaires et désespérés rencontrent l’amour, ou au moins le désir, ou, à l’extrême limite, des partenaires sexuels consentants, ils ne s’intéressent plus aux ceintures d’explosif, aux bombes, ni aux vierges du paradis. » Espérons que ces mille et une nuits-là se prolongent encore et encore…

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