Littérature : et il est comment le dernier… Leïla Slimani ?

En 2014, avec son premier roman, notre ancienne collaboratrice Leïla Slimani avait fait une entrée remarquée en littérature, saluée par le prix de la Mamounia.

Leila Slimani. © ActuaLitté/Flickr creative commons

Leila Slimani. © ActuaLitté/Flickr creative commons

ProfilAuteur_SeverineKodjo

Publié le 20 septembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Dans le jardin de l’ogre nous plongeait dans les tourments d’une femme, éternelle insatisfaite, qui multipliait les conquêtes pour tromper une solitude et un mal-être destructeurs. Et nous entraînait dans un univers où la noirceur le disputait au sordide.

Un drame familial

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Deux ans plus tard, la trentenaire récidive et ne ménage pas son lecteur. Dès les premières lignes de son deuxième livre, le ton est donné : « Le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. Le médecin a assuré qu’il n’avait pas souffert. On l’a couché dans une housse grise et on a fait glisser la fermeture éclair sur le corps désarticulé qui flottait au milieu des jouets. » Sa sœur, « encore vivante quand les secours sont arrivés », ne survivra pas. L’identité de l’ignoble assassin ne fera pas mystère. Leïla Slimani le dévoile tout de suite : il s’agit de la nounou.

Le suspense est ailleurs. La romancière l’entretient tout au long des quelque deux cents pages d’une narration glaçante. Comment l’adorable Louise, la perle rare tant appréciée, qui en plus de s’occuper des enfants trouvait le temps d’être un parfait cordon-bleu et une fée du logis irréprochable, a-t-elle pu ainsi commettre l’irréparable ? Comment expliquer que personne n’ait rien vu venir ? Et que les parents, Myriam et Paul, n’aient pas senti se resserrer sur eux l’étau d’une relation étouffante, devenue insidieusement malsaine ? Pourquoi n’ont-ils pas réagi quand « il suffisait d’y mettre fin, de tout arrêter là » ? « Mais Louise a les clés de chez eux, elle sait tout, elle s’est incrustée dans leur vie si profondément qu’elle semble maintenant impossible à déloger. » Peu à peu, « les silences et les malentendus ont tout infecté ».

Chanson douce est un thriller social qui aborde la question de la maternité sous l’angle de la dépendance mutuelle qui se tisse entre une mère et la femme payée pour garder et aimer son enfant, entre une employée de maison et ses patrons. Dans un style sec, chirurgical, Leïla Slimani dissèque les sentiments et les ressentiments de chacun et sonde l’indicible, nos états d’âme et nos passions, nos aigreurs et nos rancœurs, nos petitesses et nos lâchetés. C’est incisif, sobre, saisissant. Sans fioritures. Une écriture au scalpel pour un nouveau roman très réussi.

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