Hamada Madi Boléro : « Les pays de l’Océan indien doivent s’impliquer davantage »

En tant que secrétaire général de la COI, l’ancien Premier ministre comorien poursuivra le travail engagé par son prédécesseur pour apporter plus de visibilité à une organisation qui en manque tant.

Madi Bolero, secrétaire général de la COI. © DR

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Publié le 15 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

L’île de North-Island, dans l’archipel des Seychelles. © AP / SIPA
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Océan indien : destins communs

Malgré leur volonté d’avancer ensemble, les pays membres de la Commission de l’Océan indien (COI) sont confrontés à de nombreux contentieux frontaliers qui empoisonnent leurs relations.

Sommaire

Le 13 juillet, Hamada Madi Boléro deviendra le cinquième secrétaire de la Commission de l’Océan indien (COI), où il remplacera le Mauricien Jean Claude de l’Estrac pour un mandat de quatre ans. Chef de gouvernement du président Azali de 2000 à 2002, ce Comorien de 51 ans compte bien marcher sur les pas de son prédécesseur et poursuivre le travail déjà réalisé pour apporter davantage de visibilité et de notoriété à l’organisation, tant sur la scène internationale qu’au sein de ses pays membres.

Il souhaite également s’appuyer sur ses années passées au ministère de la Défense de son pays pour améliorer la question de la sécurité régionale, inscrite au rang des priorités de son mandat.

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Jeune Afrique : À un mois de votre prise de fonctions, avez-vous une idée des grands chantiers que vous lancerez ?

Hamada Madi Boléro : Je veux d’abord rendre hommage à Jean Claude de l’Estrac, qui a œuvré pour la renommée de la Commission. C’est un grand honneur de lui succéder, car il a beaucoup fait pour consolider cet espace, constitué d’États insulaires dont les réalités économiques et politiques sont très diverses.

Il faut donc continuer à améliorer la connectivité entre les pays et jouer sur les solidarités internes pour aider la région à grandir et à participer aux enjeux de la mondialisation. La COI dispose pour cela d’un avantage important avec la France, qui est membre du Conseil de sécurité de l’ONU, et la Chine, qui, depuis 2015, bénéficie d’un statut d’observateur auprès de la COI.

Le secrétariat général dispose-t-il des moyens institutionnels et des soutiens politiques nécessaires à la réalisation de ses missions ?

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Je vous le confirmerai lorsque j’aurai pris mes fonctions, mais je suis persuadé que le secrétariat dispose de tous les outils dont il a besoin. Je veux en revanche diversifier nos sources de financement. L’UE contribue, à elle seule, à hauteur de 85 %.

C’est trop ! Il faut que nos pays membres s’impliquent davantage. Ils ne créent certes pas de blocage, mais ils ne participent pas vraiment au développement de la Commission ni au suivi de ses missions. Pourtant, le Conseil des ministres reste le vrai organe de décision, et c’est lui qui fixe les grands caps. Peut-être pourrions-nous réfléchir au rétablissement d’une conférence des chefs d’État, comme c’était le cas à l’origine.

Avec des populations métissées aux multiples traditions, l’Afrique est partout présente sur nos îles

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Que pensez-vous du concept d’Indianocéanie développé dans les années 1960 et largement promu par Jean Claude de l’Estrac ? N’oublie-t-il pas l’Afrique ?

Bien sûr que non ! Avec des populations métissées aux multiples traditions, l’Afrique est partout présente sur nos îles. Nous sommes situés entre l’Asie et l’Afrique. C’est ce qui nous différencie des autres et c’est ce qui unit nos pays. À nous de montrer nos différences pour mieux faire comprendre au monde qui nous sommes. La COI doit pour cela renforcer ses capacités politiques, surtout à l’international.

C’est l’une des priorités de votre mandat ?

Oui, avec la question de la sécurité régionale. En tant qu’ancien ministre de la Défense, je compte me saisir du problème et lutter le plus efficacement possible contre la pêche illégale, la piraterie, le terrorisme. Il faut pour cela que les pays membres disposent d’outils communautaires. La France peut mettre ses moyens militaires à notre disposition, mais nous pouvons développer d’autres partenariats. Avec les États-Unis, également présents dans la région, ou avec une puissance régionale comme l’Afrique du Sud. Nos pays doivent être en sécurité pour pouvoir se développer.

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