São Tomé-et-Príncipe, un jardin extraordinaire

À São Tomé-et-Príncipe, on dit qu’un balai planté en terre prend racine en quelques jours. On serait tenté de le croire tant la végétation y est luxuriante.

Sao Tomé-et-Prìncipe. © Helena Van Eykeren/Flickr/Creative commons

Sao Tomé-et-Prìncipe. © Helena Van Eykeren/Flickr/Creative commons

Vincent Fournier

Publié le 27 mai 2016 Lecture : 3 minutes.

Plage à São Tomé. © ARMANDO FRANCA/AP/SIPA
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São Tomé-et-Prìncipe : grandeur nature

Démocratie solidement enracinée, jeunesse inventive, ouverture sur le centre et sur l’ouest du continent, beauté des paysages… L’archipel a de quoi se tailler une place de choix en Afrique. Saisira-t-il sa chance?

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Montagnes, vallées, cascades, forêts primaires, plages de sable blond… Ici, la nature semble régner en maître. Un maître bienveillant et généreux. Le colon portugais ne s’y est pas trompé, lui qui, en 1820, a fait venir sur ces îles les plus beaux cacaoyers du Brésil – avec succès, puisque le pays produit de nos jours l’un des plus subtils cacaos de la planète – et toutes sortes de plantes du Nouveau Monde, créant un véritable jardin botanique.

Cette population végétale immigrée a joyeusement prospéré sur l’archipel volcanique : on y recense aujourd’hui 763 espèces, dont 556 indigènes.

L’île est un petit paradis fragile.

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Príncipe et ses îlots ont été inscrits en juillet 2012 sur la liste des réserves de biosphère par l’Unesco pour la diversité de leur écosystème terrestre et marin. Figurer sur cette liste signifie que Príncipe est considérée comme un modèle en matière d’écotourisme. Son cas est pourtant particulier.

Car, avec seulement 137 km2 pour moins de 7 000 habitants, l’île est un petit paradis fragile. Ce qu’a compris le milliardaire sud-africain Mark Shuttleworth. Promoteur d’un magnifique écolodge de dix-neuf bungalows répartis sur deux plages désertes, il se considère avant tout comme un investisseur engagé dans le développement d’un tourisme responsable, respectueux de la nature et de la culture locale.

En 2015, il a cofinancé avec l’Unesco une vaste opération de ramassage de bouteilles en plastique (300 000 ont été collectées). Et il vient de restaurer la roça Sundy et sa splendide maison de maître (jadis propriété de la famille royale portugaise) pour en faire un nouveau resort haut de gamme dont l’ouverture est prévue en juillet.

Le gouvernement cherche des investisseurs pour l’aider à moderniser ses infrastructures et ses services, en particulier portuaires et aéroportuaires.

Le classement de Príncipe comme réserve de biosphère a eu un effet bénéfique sur la population, plus consciente que jamais de la nécessité de s’impliquer dans la préservation de son environnement, et sur les autorités de l’île (que la Constitution a dotée d’un gouvernement et d’une assemblée régionale autonomes), devenues plus exigeantes à l’égard des projets d’investissement qui leur sont soumis.

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Sur São Tomé, la plus grande des deux îles (854 km2), les préoccupations sont similaires, mais les urgences économiques et sociales auxquelles l’État est confronté sont telles que le seul développement du tourisme, fût-il haut de gamme, ne saurait suffire. Le gouvernement cherche des investisseurs pour l’aider à moderniser ses infrastructures et ses services, en particulier portuaires et aéroportuaires.

Il s’est par ailleurs attelé à relancer de manière raisonnée et responsable les filières clés de l’archipel, qui sont principalement agroalimentaires : cacao, café, pimenta (variété de poivre), pêche… Puisse-t-il ne jamais perdre de vue les questions environnementales ni celles relatives à la protection du patrimoine culturel exceptionnel de l’île. En particulier ses roças.

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Car une roça, ce n’est pas seulement une belle demeure coloniale dominant une plantation. C’est tout un ensemble, qui comprend aussi des serres, des séchoirs, des entrepôts, des ateliers, des chapelles, les habitations des responsables, des employés (les sanzalas, « maisons des domestiques »)…

Bref, un patrimoine qu’il convient de restaurer, de replanter, de cultiver et de sauvegarder, parce que ces domaines ont été et sont encore le principal facteur de l’agencement territorial, du mode de vie et de travail des communautés santoméennes.

À l’heure de la résurrection de la filière cacao, certaines roças sont devenues des coopératives de producteurs, exemplaires dans leur façon d’allier la pratique traditionnelle aux impératifs techniques qu’impliquent les certifications biologiques (qu’elles ont pour la plupart déjà obtenues). D’autres accueillent des touristes en quête d’authenticité. Elles constituent sans aucun doute le plus riche héritage du peuple santoméen. Mais aussi son avenir.

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