Rwanda : un comité antitorture de l’ONU interrompt sa visite en raison d' »obstacles »
Un comité de l’ONU pour la prévention de la torture a annoncé avoir suspendu sa visite au Rwanda en raison d’obstacles dressés par les autorités et de crainte que des personnes interrogées puissent être victimes de représailles.
« Nous avons été empêchés d’achever notre travail dans certains lieux et de graves limitations nous ont été imposées pour accéder à d’autres lieux de détention », a déclaré Arman Danielyan, le chef de la délégation du sous-comité.
« On nous a également empêché d’avoir des entretiens privés et confidentiels avec certaines personnes privées de liberté. De plus, beaucoup de ceux que nous avons réussi à interviewer ont exprimé des craintes de représailles », a-t-il ajouté dans un communiqué diffusé vendredi.
Cette décision est intervenue moins de deux semaines après que l’ONG Human Rights Watch (HRW) eut déclaré avoir documenté 104 cas de personnes détenues illégalement, dont une majorité auraient été victimes de tortures – bastonnades, décharges électriques, simulacres d’exécution -, dans les centres de l’armée rwandaise entre 2010 et 2016.
La délégation a suspendu sa mission au Rwanda au cinquième jour d?une visite initialement prévue pour sept jours. Ce n’est que la troisième fois en 10 ans que le sous-comité se voit contraint de suspendre l’une de ses missions, d’après le communiqué.
« La délégation a conclu que le mandat du sous-comité ne pouvait plus être efficacement rempli et que donc la visite devait être immédiatement suspendue », ajoute-t-il.
Il appelle le gouvernement de Kigali à poursuivre sa coopération avec le comité pour lui permettre de reprendre sa visite et faciliter la création d’un mécanisme de prévention de la torture au Rwanda.
Dans sa réponse à HRW, le Rwanda avait rejeté les accusations comme étant sans fondements.
« Il n’y a rien de vrai dans le rapport de Human Rights Watch. Le Rwanda est signataire de la Convention contre la torture et la respecte, de même que ses propres lois », a assuré mercredi le ministre rwandais de la Justice Johnston Busingye.
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