Mali: 800 soldats français, une mine, le sable, le cagnard et les pannes

Ils étaient quelque 800 soldats français dans 250 véhicules à parcourir jeudi les 400 kilomètres séparant les villes de Douentza et Gao, dans le nord du Mali. Un chemin de croix : 13 heures de route, de multiples pannes mécaniques et la crainte des mines, dont l’une sera d’ailleurs trouvée.

Mali: 800 soldats français, une mine, le sable, le cagnard et les pannes © AFP

Mali: 800 soldats français, une mine, le sable, le cagnard et les pannes © AFP

Publié le 9 février 2013 Lecture : 2 minutes.

Venu de Dakar au Sénégal, à 2. 500 km de Bamako, le convoi de chars, de blindés lourds et légers, de 4X4 et de camions de ravitaillement avait quitté la capitale malienne mardi matin.

Après un premier bivouac à Sévaré (630 km au nord-est de Bamako, centre) et un second près de Douentza (800 km au nord-est de Bamako), il était reparti jeudi vers 05H00 du matin pour sa destination finale, Gao, via 400 km d’infâme bitume constellé de nids-de-poule.

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C’est notamment dans ces trous que les islamistes liés à Al-Qaïda, incapables de soutenir un combat frontal, pilonnés par l’aviation française depuis le début de l’intervention militaire le 11 janvier pour stopper leur progression vers le sud, cachent la nuit leurs mines, souvent des engins artisanaux, selon des sources militaires.

Les soldats en découvrent quotidiennement depuis une dizaine de jours, un phénomène qui rappelle la stratégie des insurgés afghans et qui a déjà fait plusieurs morts, dont quatre civils mercredi.

Après à peine une heure et demie de route, un premier char est arrêté, le capot moteur démonté. Ses passagers fument une cigarette d’un air morne dans la chaleur accablante, entourés de superbes montagnes verticales rappelant des décors de western.

Véhicules de 30 ans

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« C’est comme faire le Paris-Dakar avec des véhicules blindés qui ont 30 ans », explique un soldat français. A la demande de l’armée, tous les militaires ayant parlé à l’AFP ont requis l’anonymat.

Dès qu’un véhicule est immobilisé, d’autres se positionnent autour, leurs canons tournés vers la brousse aride de sable et d’arbres rachitiques, et des soldats se déploient pour sécuriser la zone.

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« On est face à un ennemi asymétrique », très affaibli, qui a désormais opté pour la guérilla mais possède néanmoins « quelques missiles antichars, voire antiaériens », commente un officier.

Les pannes se multiplient, les conditions (chaleur, sable, chaussée défoncée) n’arrangent rien. Et les grosses machines ne sont pas climatisées: « à l’intérieur, ça monte à 50 à 60 degrés », rigole un sous-officier.

Près de Gossi, après 230 km de route, tout le convoi s’immobilise. Une heure passe.

« On a trouvé un IED » (Improvised explosive device), indique un soldat utilisant l’acronyme inventé par l’armée américaine pour désigner les mines artisanales en Irak et en Afghanistan.

Impossible de déterminer par la suite le type d’engin découvert : l’information est cloisonnée par mesure de sécurité.

Gossi est une bourgade misérable. La population est massée au bord de la route, acclamant les soldats dans la poussière: « Mali, Mali ! », ou encore « Mali, France! ».

Une sympathie envers les vainqueurs du jour qui n’est pas unanime : des villages de brousse sont favorables aux combattants islamistes, confient militaires français et maliens.

Les premiers véhicules arriveront vers 18H00 à Gao, la grande ville du nord malien (1. 200 km au nord-est de Bamako) reprise le 26 janvier aux groupes islamistes armés, et clé d’accès aux agglomérations du désert, Kidal et Tessalit, loin au nord, vers la frontière algérienne.

Les derniers éléments, certains remorqués car la mécanique n’a pu être réparée, se gareront dans l’aéroport où sont basés les Français à 03H00 vendredi.

Quelques heures plus tard, un jeune Touareg se fait sauter à un poste de contrôle à l’entrée de Gao, blessant légèrement un militaire malien.

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