Le Rwanda enterre Kigeli V, le dernier roi du pays

Plusieurs centaines de personnes ont assisté dimanche à Nyanza, dans le sud du Rwanda, aux funérailles de Kigeli V, dernier roi du pays décédé en octobre en exil aux États-Unis.

Le dernier roi du Rwanda, Kigeli V,  à Washington le 3 mai 1994, mort en octobre 2016 aux États-Unis, à l’âge de 80 ans. © Chris KLEPONIS/AFP

Le dernier roi du Rwanda, Kigeli V, à Washington le 3 mai 1994, mort en octobre 2016 aux États-Unis, à l’âge de 80 ans. © Chris KLEPONIS/AFP

Publié le 15 janvier 2017 Lecture : 2 minutes.

Le corps de Kigeli V avait été rapatrié lundi à Kigali depuis Washington, à l’issue d’une bataille juridique entre des membres de sa famille depuis sa mort le 16 octobre, à l’âge de 80 ans.

La cérémonie religieuse s’est déroulée en plein air dans l’enceinte du « Musée du Palais du roi » de Nyanza, localité située à un peu moins de 100 km au sud de Kigali et qui fut par le passé la capitale du royaume rwandais, a constaté une journaliste de l’AFP. La monarchie a été abolie par référendum en 1961.

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Vêtus d’un « umushanana », la tenue traditionnelle rwandaise, les proches de Kigeli V se sont recueillis devant son cercueil gris, sur lequel était posée la couronne traditionnelle des rois rwandais. Le gouvernement rwandais était représenté par sa ministre de la Culture, Julienne Uwacu.

Né Jean-Baptiste Ndahindurwa, Kigeli V était monté sur le trône en 1959, mais avait été forcé à l’exil un an plus tard par les autorités coloniales belges, après avoir demandé l’aide de l’ONU pour obtenir l’indépendance du Rwanda. Il a d’abord résidé dans plusieurs pays d’Afrique, dont le Kenya et l’Ouganda, avant de s’installer aux États-Unis en 1992, dans la banlieue de Washington.

Un an avant l’indépendance du pays en 1962, la monarchie avait finalement été abolie. Depuis 1994 et la prise du pouvoir du Front patriotique rwandais (FPR), issu de l’ex-rébellion tutsi dirigée par le président actuel Paul Kagame, la question du retour du monarque avait été à plusieurs reprises évoquée.

Toutes les négociations avaient cependant échoué : le gouvernement rwandais se disait prêt à accueillir le monarque comme simple citoyen mais Kigeli V n’acceptait de rentrer qu’en tant que roi.

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« Pour l’indépendance du Rwanda »

Des dizaines de Rwandais ordinaires, résidant pour la plupart à Nyanza et dans ses environs, se sont joints aux proches du souverain déchu pour lui rendre un dernier hommage.

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« Enfant, j’ai étudié à l’école l’histoire des rois du Rwanda et celle de Kigeli, même s’il n’a pas régné longtemps », a expliqué Jean de Dieu Tuyinsize, un maçon de 27 ans. « Nous sommes contents qu’il soit enterré ici au Rwanda », même si, a-t-il ajouté, « il aurait été beaucoup mieux qu’il rentre au Rwanda de son vivant ».

Chemise et veste noire, Anastaze Musonera, a lui aussi tenu à être présent « pour soutenir la famille du roi ».

« C’est un homme qui s’est battu pour l’indépendance du Rwanda », se souvient cet agriculteur de 69 ans. « Même en exil, il était l’ami du Rwanda; il ne critiquait pas, il ne ternissait pas l’image du Rwanda », a-t-il estimé.

Kigeli V a ensuite été enterré sur une colline voisine près de la sépulture de son frère et prédécesseur Mutara III, mort en 1959.

Après s’être déchirés sur la question du rapatriement de Kigeli V au Rwanda, ses proches sont désormais en désaccord sur sa succession.

Lundi, le « Conseil royal » en exil, par la voix du chancelier de Kigeli V, Boniface Benzinge, a annoncé la désignation d’un prétendant au trône : Yuhi VI (Emmanuel Bushayija de son état civil). Neveu de Kigeli V, l’homme, ancien employé de Pepsi Cola, vit au Royaume Uni depuis 17 ans. Mais les proches de Kigeli V vivant au Rwanda ont immédiatement rejeté cette nomination.

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