Éthiopie : nouvelles violences contre des lieux touristiques et entreprises étrangères

Les violences se sont poursuivies jeudi et vendredi dans la région oromo, dans le centre et l’ouest de l’Éthiopie, où des complexes touristiques et des usines ont été incendiés au cours de nouveaux incidents dirigés contre le gouvernement et les intérêts étrangers.

Une foule d’Éthiopiens à l’occasion du festival annuel à Bishoftu, le 2 octobre 2016. © Stringer/AP/SIPA

Une foule d’Éthiopiens à l’occasion du festival annuel à Bishoftu, le 2 octobre 2016. © Stringer/AP/SIPA

Publié le 7 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

« Le Lodge est complétement détruit, incendié à 100% », a déclaré à l’AFP une employée de l’hôtel Bishangari Lodge, situé sur les rives du lac Langano, au sud d’Addis Abeba, une des principales destinations touristiques de la région oromo et lieu de villégiature des habitants de la capitale.

Au moins onze entreprises, parmi lesquelles des usines de textile et de plastique, ont également été incendiées au cours des derniers jours ainsi qu’une soixantaine de véhicules, dans la seule zone industrielle de Sebeta, à l’ouest d’Addis, selon la radio gouvernementale Fana, qui attribue ces incidents à des « forces belliqueuses ».

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Mardi, une ferme fruitière néerlandaise, AfricaJuice, avait également été saccagée dans la vallée de l’Awash, dans le sud-est du pays.

« Nous avons manifesté pacifiquement pendant près d’un an, sans résultat. Les tueries ont continué et avec ce qui s’est passé au festival Ireecha, les gens sont furieux », a expliqué Barnabas, un jeune manifestant oromo joint au téléphone par l’AFP dans la ville de Holeta, proche de la capitale.

Ces nouvelles violences font suite à la mort de plus de 50 personnes dans une bousculade provoquée par des tirs de gaz lacrymogène de la part de la police, dimanche au cours du festival religieux oromo Ireecha à Bishoftu, à environ 50 km au sud-est d’Addis Abeba.

« Ces compagnies prennent la terre des paysans sans compensations suffisantes. Il est très difficile d’obtenir un travail dans ces entreprises. Seul un petit groupe de personnes en bénéficient. Nous n’en tirons aucun bénéfice », a ajouté Barnabas pour justifier les attaques contre les entreprises étrangères.

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Quitter le pays

Une ressortissante américaine avait été tuée mardi près Addis Abeba, victime d’un jet de pierre lorsque le véhicule dans lequel elle circulait a été pris pour cible par des manifestants. La jeune femme de 31 ans était une chercheuse en biologie de l’université californienne de Davis (États-Unis).

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Le réseau internet mobile était par ailleurs coupé vendredi pour la troisième journée consécutive dans la capitale, une mesure régulièrement prise par les autorités pour empêcher la diffusion d’appels à manifester et mise en place en région omoro depuis des mois.

L’Éthiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation anti-gouvernementale sans précédent depuis 25 ans, qui a commencé en région oromo au mois de novembre 2015, s’est étendu depuis l’été à la région amhara (nord) et dont la répression a déjà fait plusieurs centaines de victimes.

La multiplication des incidents et des manifestations pousse certains investisseurs à s’interroger sur leur présence en Éthiopie. La compagnie néerlandaise Esmeralda Farms, dont la ferme horticole a été attaquée le mois dernier en région amhara (nord), près de Bahir Dar, a depuis annoncé qu’elle se retirait du pays.

« L’Éthiopie a reçu beaucoup d’attention des investisseurs au cours des deux dernières années sur la base de sa réputation de pays stable et sûr », a expliqué à l’AFP, Tom Berry, directeur régional pour l’Afrique de l’Est pour le groupe de gestion de risque S-RM Intelligence & Risk Consulting Ltd.

Mais « les investisseurs deviennent de plus en plus conscients du besoin de prendre en compte les risques dans leur approche », ajoute-t-il, avant de conclure : « Nous pensons que l’incertitude va se poursuivre de manière significative au cours des prochains mois ».

Dans le secteur du tourisme, les violences ont également eu un effet « désastreux ». « Si je regarde les réservations d’octobre et novembre, tout devait être plein, nous allions avoir une saison fantastique », a assuré à l’AFP Nick Crane, propriétaire d’un lodge dans les montagnes Simien, dans le nord du pays, en région amhara.

« Mais maintenant, nous n’avons que 4 ou 5 personnes par jour, c’est un désastre total », a-t-il regretté, soutenant que son lodge a fait l’objet de menaces en septembre.

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