Somalie: le secrétaire d’Etat américain en visite historique

C’est une première historique : le chef de la diplomatie américaine John Kerry s’est rendu mardi en Somalie, désertée par les GI’s humiliés en 1993 et où l’armée américaine soutient aujourd’hui activement la lutte contre les islamistes shebab.

Somalie: le secrétaire d’Etat américain en visite historique © AFP

Somalie: le secrétaire d’Etat américain en visite historique © AFP

Publié le 5 mai 2015 Lecture : 3 minutes.

« Je suis heureux d’être ici. Avez-vous attendu longtemps? J’espère que non », a lancé le secrétaire d’Etat américain au président somalien Hassan Cheikh Mohamoud venu l’accueillir à l’aéroport de Mogadiscio.

« Cela valait la peine d’attendre », lui a répondu le président somalien, « c’est un grand moment pour nous ».

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« La prochaine fois que je viendrai, nous devrons nous promener en ville », a ajouté John Kerry à qui le président a répondu que « le centre-ville de Mogadiscio était très différent ce qu’il était il y a deux ans ».

Le secrétaire d’Etat américain a effectué cette visite surprise pour « renforcer l’engagement des Etats-Unis afin de soutenir la transition en cours de la Somalie vers une démocratie en paix », a indiqué dans un communiqué la porte-parole du département d’Etat Marie Harf.

« C’est la première visite d’un secrétaire d’Etat en Somalie », a-t-elle souligné.

« C’est historique et je pense que cela envoie un message fort au peuple somalien sur notre engagement », a déclaré de son côté un diplomate américain à quelques journalistes à Nairobi.

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Encore très impliqués militairement en Somalie, les Etats-Unis restent traumatisés par l’échec de leur intervention militaire et humanitaire sous pavillon de l’ONU au début des années 1990, débâcle symbolisée par le sinistre « Black Hawk Down » du 3 octobre 1993, la bataille de Mogadiscio au cours de laquelle des hélicoptères américains furent abattus et 18 soldats tués.

– « Message fort aux shebab » –

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L’essentiel de cette brève visite symbolique devrait être consacrée à la lutte contre les islamistes armés shebab, affiliés à Al-Qaïda.

D’après le diplomate américain, la présence de John Kerry sur le sol somalien doit « envoyer un message fort aux shebab ».

« Nous ne tournons pas le dos au peuple somalien et continuerons à nous impliquer avec la Somalie jusqu’à mettre un terme à la terreur propagée par les shebab », a-t-il promis.

La Somalie est en état de guerre civile, privée de réel pouvoir central, depuis la chute du président Siad Barre en 1991.

Comme les précédents, l’actuel gouvernement, qui n’existe que grâce au soutien militaire et financier de la communauté internationale, est incapable d’étendre son autorité au-delà de la capitale et de sa périphérie. Le président Hassan Cheikh Mohamoud, présenté en 2012 comme la meilleure chance de paix, peine à asseoir son influence au-delà de Mogadiscio malgré le recul militaire des shebab, souvent remplacés sur le terrain par des chefs de guerre.

Les shebab, à la tête d’une insurrection armée depuis 2007, sont défaits sur le terrain militaire par la Force de l’Union africaine (Amisom), mais multiplient les attaques et les actions de guérilla, en Somalie mais aussi au Kenya voisin.

John Kerry devait d’ailleurs « remercier » sur place les cinq pays africains de l’Amisom (Kenya, Ouganda, Burundi, Djibouti et Ethiopie) qui épaulent un embryon d’armée somalienne, selon le diplomate.

Les Etats-Unis ont consacré depuis 2007 « plus d’un demi-milliard de dollars » à l’Amisom, d’après la Maison Blanche. Les Américains ont en outre mené ces dernières années des opérations militaires en Somalie – attaques de drones, opérations commando – contre les shebab, tuant en septembre leur chef Ahmed Abdi « Godane ».

Au plan politique, un référendum constitutionnel est prévu cette année en Somalie, suivi en 2016 des premières élections multipartites en près de 40 ans, un processus censé doter le pays d’une véritable autorité institutionnelle centrale et espérer mettre fin au chaos sécuritaire.

« Nous sommes très optimistes sur la Somalie. Nous voyons toujours un peu de lumière au bout du tunnel », a indiqué le diplomate américain, en regrettant toutefois « les retards » dans le processus politique, notamment une succession de trois Premiers ministres en trois ans.

Signe selon Washington de son engagement diplomatique, le président Barack Obama a nommé fin février un ambassadeur pour la Somalie, une première depuis un quart de siècle.

Pour autant, les Etats-Unis n’ouvriront pas à moyen terme une chancellerie à Mogadiscio et l’ambassadrice Katherine Dhanani pilotera la représentation de son gouvernement pour la Somalie depuis l’ambassade américaine de Nairobi.

Les Etats-Unis avaient reconnu il y a deux ans et demi le gouvernement somalien et le président Obama avait reçu en janvier 2013 son homologue somalien.

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