A Lomé, étranglés par le chômage et la précarité, les électeurs rêvent de changement

« Il faut que ça change, le Togo, ce n’est pas un royaume »: Honlongnon Komlan, cuisinier trentenaire au chômage, dit n’avoir connu « que les Gnassingbé », au pouvoir depuis 48 ans. Comme de nombreux habitants samedi à Lomé, il rêve d’alternance, mais ose à peine y croire.

A Lomé, étranglés par le chômage et la précarité, les électeurs rêvent de changement © AFP

A Lomé, étranglés par le chômage et la précarité, les électeurs rêvent de changement © AFP

Publié le 25 avril 2015 Lecture : 2 minutes.

A Lomé, la capitale et le poumon économique du pays, une ville historiquement acquise à l’opposition, les électeurs, étranglés par la cherté de la vie et touchés de plein fouet par le chômage, étaient nombreux à souhaiter la victoire de Jean-Pierre Fabre, le chef de file de l’opposition et principal adversaire de Faure Gnassingbé à l’élection présidentielle de samedi.

Pour autant, le président sortant Faure Gnassingbé, dont le père Gnassingbé Eyadéma était arrivé au pouvoir par un coup d?État en 1967, fait figure de favori face à une opposition divisée.

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« Aujourd’hui il y aura un changement au Togo! », veut croire Martin Assouvi, solide gaillard de 55 ans, qui patiente avec des amis dans la cour de l’école « La poudrière » à Pade Souza, un quartier populaire.

« Il n’y a pas de travail! », lance un de ses amis. « Nous sommes tous des chômeurs », renchérit l’autre. « On souffre! », résume Martin.

Se déplaçant avec des béquilles, Ama Yambila, 60 ans, longue robe colorée et cheveux pris dans un volumineux foulard, a « vécu presque toute (sa) vie avec le régime ». Et son verdict est clair: « Le régime doit partir ».

– Le chômage, ‘la débrouille’ –

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Cuisinier au chômage, M. Komlan vit de la « débrouille » pour nourrir cinq enfants: « j’arrive parfois à gagner 1. 500 francs (2,30 euros) en cuisinant chez des gens. Sinon je travaille au port, pour 800 francs par jour (1,20 euro). J’y arrive pas. Pour faire vivre la famille, il faut 150. 000 francs par mois » (230 euros).

Il vote à Kodjoviakopé, quartier de petites maisons plus ou moins délabrées où habite Jean-Pierre Fabre. Ici surgissent régulièrement des barrages de pneus enflammés, lorsque les forces de sécurité tentent de réprimer des manifestations de l’opposition.

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Néanmoins, préviennent les experts, l’engouement des habitants des quartiers populaires de Lomé est loin de refléter le pays tout entier, où dans de nombreux villages reculés, on préfère opter pour le régime en place, qu’on connaît, plutôt que pour l’opposition dont on se méfie.

A Kara (420 km au nord de Lomé), petite ville pauvre d’où est originaire la famille Gnassingbé, on plébiscite sans surprise l’enfant du pays, même si « les problèmes des travailleurs » sont régulièrement évoqués.

« J’ai voté Faure car je ne fais pas confiance à l’opposition. Je préfère qu’il continue ce qu’il a déjà entamé », notamment les grands travaux d’infrastructure, explique Meheza Essowe, un étudiant.

Dans les fertiles plaines agricoles du centre du pays – les deux tiers des Togolais vivent de l’agriculture de subsistance -, le régime dominait autrefois à Sokodé (330 km de Lomé), mais l’opposition a percé ces dernières années.

Kolani Douti, la trentaine, a « voté Faure », mais reste critique: « Il faudrait qu’il s’occupe beaucoup plus de la situation des jeunes » au chômage.

A la mi-journée, la participation était « très faible selon la Concertation nationale de la société civile (CNSC), ONG financée par l’Union européenne qui a déployé 1. 200 observateurs à travers le pays.

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