L’Afrique de l’Ouest désormais confrontée au mystérieux « syndrome post-Ebola »

Alors que l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest est sur le déclin, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités sanitaires des pays touchés se penchent désormais sur les effets à long terme, très mal connus, du virus sur les survivants.

L’Afrique de l’Ouest désormais confrontée au mystérieux « syndrome post-Ebola » © AFP

L’Afrique de l’Ouest désormais confrontée au mystérieux « syndrome post-Ebola » © AFP

Publié le 25 avril 2015 Lecture : 3 minutes.

Cécité partielle ou totale, troubles de l’audition, douleurs articulaires, céphalées: une proportion non négligeable des survivants, selon les sources, se plaint d’effets secondaires parfois très handicapants.

« Nous devons être conscients que (des complications) peuvent survenir » après un traitement contre la fièvre hémorragique, a admis la responsable de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique, le docteur Matshidiso Moeti.

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Confrontés à la pire épidémie d’Ebola depuis l’identification du virus en Afrique centrale en 1976, l’agence onusienne et les trois pays principalement touchés – Liberia, Sierra Leone et Guinée – se sont attachés dans un premier temps à l’urgence de sauver des vies.

L’épidémie actuelle est partie en décembre 2013 du sud de la Guinée avant de se propager à ses deux voisins.

Selon le dernier bilan de l’OMS, nettement sous-évalué de l’aveu même de l’organisation, elle a fait plus de 10. 800 morts sur quelque 26. 000 cas au cours des 16 derniers mois, à plus de 99% dans ces trois pays.

A présent, l’OMS et les autorités sanitaires locales tentent de mieux connaître l’impact du virus et de son traitement sur les milliers de survivants.

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Lors d’une visite mercredi à Monrovia, Mme Moeti a ainsi rencontré la dernière patiente en date à avoir quitté un centre de traitement au Liberia.

Selon la survivante, Beatrice Yordoldo, qui est sortie le 5 mars, « la majorité des survivants » à qui elle a parlé lui ont fait part de problèmes de vision, de troubles de l’audition et de maux de tête.

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– Vision brouillée, fatigue extrême –

De fait, dès octobre 2014, l’OMS abordait cette problématique sur son site internet, dans une interview avec une responsable de la prise en charge psychologique et sociale des survivants d’Ebola dans l’est de la Sierra Leone, à Kenema.

« Nous constatons que de nombreuses personnes ont des troubles de la vision. Certains se plaignent d’une vision brouillée, pour d’autres, la perte d’acuité visuelle est progressive. J’ai rencontré deux personnes qui sont devenues aveugles », rapportait alors Margaret Nanyonga.

Mme Nanyonga, qui parle d’un « syndrome post-Ebola », estimait ainsi que la moitié des survivants d’Ebola dans la zone de Kenema avait rencontré des problèmes de vue. D’autres se sont plaints de douleurs articulaires, musculaires et de fatigue extrême.

« Il nous faut comprendre pourquoi ces symptômes persistent et déterminer s’ils sont provoqués par le virus, par son traitement ou encore par les mesures de désinfection », expliquait Mme Nanyonga.

Or, les données en provenance du terrain sont encore très parcellaires et les autorités sanitaires ne sont pas en mesure d’appréhender l’étendue du problème.

L’ampleur de cette épidémie et la vitesse de propagation du virus ont pris de court la communauté internationale et, au moment où une réponse coordonnée était enfin mise sur pied, l’épidémie avait déjà submergé les systèmes de santé des pays les plus touchés.

Ainsi, l’épidémie actuelle a quasiment éclipsé les précédentes: entre la découverte du virus en 1976 et celle des foyers fin 2013 en Guinée, quelque 2. 500 cas au total avaient été enregistrés.

Et si les survivants des précédents foyers faisaient également état de complications, leur nombre était trop faible pour permettre des recherches approfondies.

L’épidémie en cours, avec ses milliers de survivants, pourrait déboucher sur une bien meilleurs connaissance des effets secondaires de la maladie ou de son traitement.

Selon Mme Moeti, qui a pris ses fonctions en février, l’OMS a commencé à rattraper son retard sur le sujet.

« Je pense que c’est quelque chose que nous devons connaître plus en détail pour le futur, de sorte que (. . . ) dans la prise en charge des patients d’Ebola, on recherche ce genre de symptômes », a-t-elle expliqué à l’AFP.

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