CAN: les entraîneurs étrangers font la loi

Ils n’étaient que trois sur la ligne de départ et un seul a réussi à franchir le premier tour: les entraîneurs locaux sont une denrée rare à la CAN-2015, un phénomène qui témoigne du manque de reconnaissance des techniciens africains sur leur propre continent.

CAN: les entraîneurs étrangers font la loi © AFP

CAN: les entraîneurs étrangers font la loi © AFP

Publié le 31 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

Le sélectionneur de la RD Congo Florent Ibenge est l’unique rescapé de ce petit contingent, le plus faible de toute l’histoire du tournoi, le Sud-Africain Ephraim Mashaba et le Zambien Honour Janza ayant déjà plié bagage au bout de deux semaines.

Ces trois-là font donc figure d’exceptions et la prédominance des entraîneurs étrangers en Afrique est une tendance lourde qui n’a cessé de s’accentuer au fil des années.

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Durant cette CAN, six Français, deux Portugais, deux Belges, un Allemand, un Argentin et un Israélien ont trusté la fonction de sélectionneur, perpétuant la tradition des fameux « sorciers blancs », indissociables d’une Coupe d’Afrique.

Des voix s’élèvent toutefois pour dénoncer cette mainmise et souligner la responsabilité des fédérations, la plus virulente étant celle du Nigérian Stephen Keshi, vainqueur de la CAN-2013 avec les Super Eagles.

« Je n’ai rien contre les entraîneurs européens mais les fédérations et les pays africains devraient se montrer patients avec leurs propres techniciens », a-t-il déclaré à l’AFP. « Ils pensent qu’ils nous font une faveur en nous faisant travailler. Mais c’est une manière de tuer le football en Afrique. Il y a énormément de joueurs qui reviennent en Afrique à la fin de leur carrière et qui aimeraient entraîner dans leurs pays mais ils n’en ont pas la possibilité. « 

– ‘Le gros problème, c’est le respect ‘ –

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Keshi s’était déjà fait le porte-parole de ses collègues lors de la CAN-2013, pointant du doigt les discriminations et le racisme dont font l’objet, selon lui, les techniciens d’origine africaine aussi bien chez eux qu’en Europe.

« Je n’ai rien contre les entraîneurs blancs mais moi je ne pourrai jamais entraîner en Europe parce qu’ils considèrent que je ne suis pas assez qualifié pour le faire », avait-t-il expliqué à l’époque.

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Les statistiques sont pourtant limpides et militent clairement pour une meilleure exposition des sélectionneurs locaux. Sur les dix dernières éditions de la CAN, la compétition a été remportée à six reprises par un Africain (les Egyptiens Mahmoud El-Gohary en 1998 et Hassan Shehata en 2006, 2008 et 2010, Clive Barker avec l?Afrique du Sud en 1996 et Keshi avec le Nigeria en 2013).

« L’avenir est d’avoir plus de sélectionneur africains », a ainsi relevé vendredi le Français Claude Le Roy, qui dispute sa huitième CAN (un record) à la tête du Congo. « Mais c’est un problème de philosophie. Quand on passe des diplômes en France, ça dure dix ans, physiologie, pédagogie, management, langues étrangères, c’est beaucoup de travail et de temps pour avoir le diplôme le plus élevé. « 

Le Roy estime cependant qu’ »il ne faut pas opposer les entraîneurs entre eux » et renvoie lui aussi la balle dans le camp des fédérations.

« Moi, personne ne peut interférer dans mon travail, je serais furieux », a-t-il ajouté. « La dernière décision est toujours la mienne. Mais les entraîneurs africains ressentent une grosse pression, le président de la fédération vient sur le terrain et leur dit de faire tel changement. Il faut leur laisser la complète responsabilité. Le gros problème, c’est le respect des entraîneurs locaux en Afrique. « 

Hervé Renard, sélectionneur de la Cote d’Ivoire et qui a fait l’essentiel de sa carrière à l’étranger (Chine, Angola, Zambie. . . ), a lui trouvé la solution: « Pour les équipes nationales, on devrait avoir des entraîneurs issus du pays. Ce serait très bien d’instaurer cette règle. « 

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