Togo: appel à une mobilisation « massive » contre un nouveau mandat du président Gnassingbé

Sans doute inspirée par l’exemple burkinabè, l’opposition togolaise a appelé à une manifestation « massive » vendredi à Lomé pour exiger une réforme de la Constitution qui empêcherait que le président Faure Gnassingbé, très probable candidat à sa propre succession, ne puisse se présenter à l’élection prévue l’an prochain.

Togo: appel à une mobilisation « massive » contre un nouveau mandat du président Gnassingbé © AFP

Togo: appel à une mobilisation « massive » contre un nouveau mandat du président Gnassingbé © AFP

Publié le 27 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Cette nouvelle marche de l’opposition et de la société civile doit avoir lieu une semaine après la dispersion d’une manifestation similaire par les forces de l’ordre à coup de gaz lacrymogène et au lendemain d’un appel de l’opposition à engager « un bras de fer » avec le pouvoir.

« Nous appelons les populations de Lomé et de ses environs à sortir massivement demain (vendredi) pour soutenir la manifestation des organisations de défense des droits de l?homme » en faveur des réformes constitutionnelles, a déclaré jeudi à l’AFP Francis Pedro Amuzu, un porte-parole du Combat pour l’Alternance Politique (CAP2015).

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Cette coalition réunit huit partis d’opposition autour de Jean-Pierre Fabre, principal candidat de l’opposition, en vue de l’élection de 2015.

Les réformes, dont une limitation du nombre de mandats présidentiels autorisés constitue le point central, ne sont pas « une faveur que le peuple demande au chef de l?Etat » au pouvoir depuis près de 10 ans et qui a succédé à son père, a souligné un des organisateurs de la marche, Me Raphaël Kpandé-Adzaré.

Il s’agit d’un « impératif démocratique », a ajouté à l’AFP le président de la Ligue Togolaise des Droits de l?Homme (LTDH).

En visite au Ghana, le président Gnassingbé a affirmé mardi que la Constitution en vigueur au Togo, qui ne fixe aucune limite au nombre de mandats présidentiels, serait « rigoureusement respectée » et il a laissé entendre qu’il pourrait briguer un troisième quinquennat l’année prochaine.

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Le lendemain, le leader de l’opposition, M. Fabre, a promis de « maintenir la pression sur le régime » pour « contraindre (le président) à faire des réformes » avant le scrutin.

Les réformes réclamées de longue date par l’opposition ont déjà été rejetées une fois par le Parlement, où le parti au pouvoir détient la majorité absolue.

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Porté au pouvoir par l’armée à la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma qui a gouverné le Togo d’une main de fer pendant 38 ans, Faure Gnassingbé a remporté en 2005 et 2010 des scrutins présidentiels dont les résultats ont été contestés par l’opposition.

– Un autre Burkina Faso? –

La manifestation de vendredi a été autorisée sur un itinéraire validé par le ministre de l’Administration Gilbert Bawara.

Mais la semaine dernière, à Lomé, les forces de l’ordre avaient tiré des gaz lacrymogènes contre des milliers d’opposants qui brandissaient des pancartes comme « 50 ans pour le père et fils, ça suffit! », ou « deux mandats, ça suffit! », car les manifestants avaient tenté de s’éloigner de l’itinéraire prévu pour rejoindre le Parlement.

Une scène qui n’a pas manqué de provoquer des parallèles avec le Burkina Faso, pays voisin du Togo, où la tentative du président Blaise Compaoré de modifier la Constitution pour se présenter à la présidentielle de l’an prochain a entrainé son renversement fin octobre, après 27 ans de pouvoir.

Le contexte togolais est cependant très différent du contexte burkinabé, estime Gilles Yabi, spécialiste des questions politiques en Afrique de l’Ouest.

D’abord, « il est beaucoup plus facile de bloquer une révision de la Constitution », comme cela a été le cas à Ouagadougou, « que de forcer une réforme de la Constitution », qui plus est a fait l’objet de débats au Parlement, souligne le chercheur basé à Dakar.

En outre, l’opposition togolaise, réunie au sein de trois coalitions, reste très divisée et peine à s’exprimer d’une seule voix, pour faire plier un pouvoir « qui n’est pas aussi fragilisé qu’au Burkina Faso », dit-il, rappelant que le régime dispose toujours d’un grand soutien du nord du pays, région d’origine de la famille Gnassingbé.

Enfin et surtout, ajoute le politologue, l’armée et les forces de sécurité togolaises restent « très contrôlées par le pouvoir ». Ce qu’on disait de l’armée du Burkina avant qu’elle ne lâche le président Compaoré, pourtant un ancien militaire.

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