RDC: dans le camp de Tundula, les déplacés attendent plus d’aide alimentaire

« Ça ne suffit pas ! » Comme Martin Byamungu, de nombreux déplacés du camp de Tundula, dans le Sud-Est de la République démocratique du Congo se plaignent de l’insuffisance des vivres offerte par le Programme alimentaire mondial (PAM).

RDC: dans le camp de Tundula, les déplacés attendent plus d’aide alimentaire © AFP

RDC: dans le camp de Tundula, les déplacés attendent plus d’aide alimentaire © AFP

Publié le 21 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Pas assez, mais mieux que rien : malgré une pluie battante, 1. 360 personnes sont réunies pour recevoir la ration mensuelle à Tundula, à environ 80 kilomètres au nord de Kalemie, chef-lieu du district de Tanganyika, dans le Nord déshérité de la province du Katanga.

Ces déplacés ont fui les attaques des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), milice hutu opposée au président rwandais Paul Kagame, dont les fondateurs ont pris une part active au génocide tutsi de 1994 au Rwanda et dont une partie des effectifs sème la désolation aux confins du Katanga et du Sud-Kivu voisin.

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Comme ailleurs dans le monde, le PAM n’est plus en mesure de venir en aide aux personnes qu’il souhaiterait secourir en RDC (1,6 million en 2014). Faute de financements, l’agence onusienne a dû se résoudre à réduire de moitié ses rations, à réserver celles-ci aux foyers qu’elle juge les plus vulnérables et pour trois mois seulement.

L’aide est censée profiter aux « nouveaux déplacés », mais compte tenu du temps nécessaire à l’ »enquête de vulnérabilité » destinée à déterminer les personnes pouvant bénéficier du programme, beaucoup de familles de Tundula ayant touché leur premier lot de nourriture en octobre sont arrivées en avril.

La distribution a lieu une fois par mois. Plusieurs familles en sont à leur deuxième (et avant-dernière) distribution. « J’ai une famille de sept personnes, la première ration a duré trois semaines, au lieu d’un mois », se plaint M. Byamungu.

Chez Mwayma Baruani, la ration a été finie en une semaine. « Je suis obligée de faire des contrats agricoles et après on me donne des petites quantités de manioc, dit cette Pygmée d’une quarantaine d’années, mère de six enfants, « mais ça ne suffit pas ! Les enfants se plaignent toujours. . .  »

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– Pauvreté généralisée –

La distribution est sous-traitée à une organisation non-gouvernementale étrangère. Après un partage assuré par les déplacés, chaque bénéficiaire reçoit 16 kilos de nourriture. Cette fois, la ration est composée de pois jaunes et de farine de maïs américaine, ainsi que d’une huile enrichie en vitamines A et D produite en Indonésie.

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D’habitude, il y a également du sel iodé. « Mais ce matin, on n’a pas de sel. Mais est-ce qu’à cause de ça on ne va pas leur donner la ration? On se dit qu’ils vont se débrouiller pour en trouver », dit Jean de la Croix Bouladeyi Bassono, chargé des programmes du PAM à Kalemie.

« Les vivres qu’on nous donne nous aident! », commente Siphorosa Olombwe, 56 ans, avec une grosse bassine et des bidons dans la file d’attente. « Je gère bien la nourriture, je mange deux fois par jour pour que les vivres ne se terminent pas avant 30 jours.  »

Le PAM ne distribue pas les trois mois d’aide en une fois – ce qui serait moins coûteux et plus facile – car il est arrivé ailleurs que des bénéficiaires « revendent une partie de la nourriture sur le marché », bien qu’il soit bien spécifié sur les emballages que les vivres ne sont « pas destinés à la vente ou à l’échange », indique M. Bassono.

Compte tenu des conflits armés qui ravagent l’Est de la RDC depuis plus de 20 ans les besoins sont immenses. Dans le seul Katanga, l’ONU recense près de 600. 000 déplacés internes à la province (dans le district de Tanganyika, d’autres viennent du Sud-Kivu voisin)

L’ »enquête de vulnérabilité » permet au PAM de faire le tri entre les ménages dits « pauvres » – c’est-à-dire pas en mesure de manger en quantité, en qualité et de façon diversifiée – et ceux qui sont « limite » ou « acceptables », ces deux dernières catégories n’ayant pas le droit à l’aide alimentaire.

« La frontière est mince entre les familles +pauvres+ et les familles +limite+ », reconnaît M. Bassono.

Dans un environnement de pauvreté généralisée, la sélection fait grincer des dents et le PAM doit se montrer très vigilant et intraitable pour lutter contre les vols ou détournements commis parfois par des déplacés avec la complicité de personnes chargées de la distribution.

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