Ebola: pour survivre, la population de Freetown accepte le confinement

Le bruit de la pluie sur les toits et le tonnerre ont remplacé les klaxons des motos dans les rues de Freetown. La capitale de Sierra Leone s’est transformée pendant la nuit en ville fantôme, au premier jour de confinement de la population du pays, en proie à Ebola.

Ebola: pour survivre, la population de Freetown accepte le confinement © AFP

Ebola: pour survivre, la population de Freetown accepte le confinement © AFP

Publié le 19 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Depuis vendredi minuit (heure locale et GMT), seuls les véhicules utilitaires et des urgences circulent dans cette capitale de 1,2 million d’habitants, d’habitude étouffée par les embouteillages.

Dès les premières heures du jour, les habitants attendaient sur la véranda de leur maison l’arrivée des plus de 7. 000 équipes de sensibilisation de quatre personnes chacune.

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« Nous sommes ici pour vous parler d’Ebola, voir ce que vous savez de la maladie, ce que vous devez faire pour la prévenir et, s’il y a un malade dans la famille, l’emmener à l’hôpital le plus proche », explique Tommy Sackey, un chef d’équipe de cette opération inédite, aux résidents d’une maison de la périphérie ouest de Freetown.

Avec un large sourire, le chef de famille, Sammy Jones, lui offre une chaise et invite sa femme et ses trois enfants « à venir écouter l’important message sur Ebola ».

« La famille est maintenant mieux armée face à la maladie », déclare M. Sackey, après leur avoir distribué des autocollants et du savon.

« Nous étions dans la confusion parce qu’il y avait beaucoup de messages contradictoires dans le quartier sur cette campagne, mais nous voyons maintenant que c’est une bonne chose pour nous tous. Il s’agit de sauver nos vies », se félicite Sammy Jones.

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En trois jours, ces quelque 30. 000 volontaires doivent rendre visite à 1,5 million de foyers. Leur mission est de distribuer à chacun un savon, de transmettre des informations sur Ebola et d’installer des comités de veille, mais pas d’entrer dans les domiciles.

– ‘Respect des consignes’ –

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« Si l’enthousiasme rencontré jusqu’à présent au premier jour de la campagne se confirme, la sensibilisation à Ebola sera forte », estime Francis Coker, chef d’une autre équipe, dans le centre de Freetown.

« Les questions les plus fréquentes portaient sur la stigmatisation et les traitements expérimentaux. Cela montre que les gens veulent désespérément un médicament », souligne M. Coker, qui travaille dans le fret maritime.

Le président Ernest Bai Koroma a précisé que le but de cette opération controversée était la prise de conscience des populations, face à un virus qui a déjà contaminé 1. 673 personnes dans le pays, en tuant 562.

« Cette campagne de trois jours ne va pas mettre un terme à elle seule à l’épidémie d’Ebola, mais si tout le monde suit les recommandations des équipes de sensibilisation, elle contribuera beaucoup à inverser la tendance d’accélération de la transmission », a-t-il assuré, dans une allocution radio-télévisée jeudi soir.

« Tout le monde semble respecter les consignes », s’est félicité vendredi le chef de la police, Francis Munu.

Quelque 2. 000 policiers ont été déployés afin de venir en aide aux équipes de sensibilisation. La population est autorisée à sortir pour des nécessités essentielles, comme chercher de l’eau, et à aller prier à proximité après 18H00 locales et GMT.

Tout est prêt pour faire face l’augmentation des cas recensés à l’occasion de cette opération, avec 258 lits supplémentaires dans la région de la capitale, a assuré Steven Gaojia, le coordinateur national du Centre d’opérations d’urgence gouvernemental.

« Six ambulances sont en attente. Nous avons 89 voitures d’agences humanitaires et l’Association des vendeurs de motos nous en a prêté 382 », a-t-il dit.

Dans le reste du pays, la campagne battait également son plein, avec des équipes s’aventurant jusque dans les villages les plus reculés pour informer les populations dans leurs langues locales.

A Kenema, une ville en quarantaine dans l’est du pays, se concentre l’épidémie, les familles étaient autorisées à se réunir sous des arbres devant leur maison pour entendre la bonne parole, selon des témoins.

La population de Kabala dans le nord, seule région encore épargnée, comptait bien le rester.

« C’est pourquoi nous accueillons favorablement cette campagne afin d’approfondir nos connaissances de la maladie », a déclaré un herboriste local, Murray Samoura.

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