Centrafrique: l’ONU prend les commandes du maintien de la paix

Une nouvelle force de l’ONU prend officiellement lundi le commandement des opérations de maintien de la paix en Centrafrique, prenant le relais des forces internationales déjà déployées dans le pays pour faire cesser les sanglantes violences intercommunautaires.

Centrafrique: l’ONU prend les commandes du maintien de la paix © AFP

Centrafrique: l’ONU prend les commandes du maintien de la paix © AFP

Publié le 15 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Une cérémonie solennelle à la base de l’aéroport de Bangui doit marquer à partir de 14H00 GMT le transfert de responsabilités entre la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (Minusca) et la force africaine (Misca) jusque-là en charge des opérations avec l’appui de l’opération française Sangaris et de la force européenne Eufor-RCA.

« Ce transfert d’autorité représente la réussite complète du mandat de la Misca et le commencement de l’action militaire et policière de la Minusca en République centrafricaine », a souligné le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, tout en appelant les protagonistes du conflit à « cesser immédiatement les violences » et à faire progresser la transition politique.

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La force onusienne, créée en avril par la résolution 2149 du Conseil de sécurité, va déployer dans un premier temps 7. 600 hommes (pour la plupart issus des rangs de la Misca) sur le terrain et comptera 12. 000 soldats et policiers à effectif plein.

« Notre mission peut se résumer en un triptyque : protéger la population, appuyer le processus politique et contribuer à la restauration de l’autorité de l’Etat », selon le général Babacar Gaye, chef de la Minusca.

La tâche s’annonce ardue et de longue haleine. Si les violences intercommunautaires massives entre populations chrétiennes et musulmanes ayant fait des milliers de morts depuis décembre 2013 ont cessé, elles ont provoqué un désastre humanitaire avec des centaines de milliers de déplacés et contraint à l’exode les civils musulmans de régions entières.

La crise en cours est née du renversement en mars 2013 du régime de François Bozizé par la rébellion Séléka – à dominante musulmane dans un pays très majoritairement chrétien – de Michel Djotodia. M. Djotodia a lui-même été contraint à la démission début 2014 pour son incapacité à mettre fin au cycle infernal de représailles et de contre-représailles entre combattants Séléka et miliciens anti-balaka.

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– ‘Tout repenser, tout reconstruire’ –

Surtout, cette crise est venue s’ajouter à de nombreuses autres (rébellions, mutineries, coups d’Etat. . . ) qui ont au fil des ans totalement déstructuré la société et l’Etat centrafricains et précipité les quelque 4,8 millions d’habitants dans la misère malgré le potentiel agricole et minier du pays.

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« L’Etat n’existe plus dans ce pays. On est face au néant », constatait début septembre un diplomate occidental : « Il va falloir tout repenser, tout reconstruire. Et les Centrafricains n’ont pas les capacités pour cela, disons-le clairement. « 

Face aux crises successives, la réponse internationale s’est à chaque fois « limitée à trois éléments importants mais insuffisants : une présence militaire, une forte assistance humanitaire et une aide budgétaire pour assurer la survie de l’administration », explique un récent rapport de l’International Crisis Group (ICG).

« Les précédentes interventions ont toutes échoué car elles ont ignoré ce problème structurel de la prédation comme mécanisme de pouvoir, sous sa forme étatique (banditisme d’Etat à travers la corruption, les pillages et la +mise en coupe réglée du Trésor public+ notamment) comme contre-étatique (les groupes armés) », détaille ICG.

Car, au fil des décennies, il y a déjà eu beaucoup d’interventions internationales dans le pays. C’est même une spécialité centrafricaine.

Aussi, les Centrafricains placent-ils désormais leurs espoirs dans l’action de la Minusca. Mais avec modération.

« Tout a été essayé pour permettre à la République centrafricaine une stabilisation quasi certaine. Mais c’est toujours un retour à la case départ », relève Ange Abdoul, cadre bancaire à Bangui : « Pour moi, le doute reste toujours permis » sur l’efficacité de la Minusca.

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