Somalie: frappe aérienne américaine contre le chef suprême des shebab

Les Etat-Unis ont mené dans la nuit de lundi à mardi en Somalie une frappe aérienne visant le chef suprême des islamistes shebab, Ahmed Abdi, mais le sort de celui qui se fait appeler « Godane » reste inconnu.

Somalie: frappe aérienne américaine contre le chef suprême des shebab © AFP

Somalie: frappe aérienne américaine contre le chef suprême des shebab © AFP

Publié le 2 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

« Les Américains ont mené une importante frappe aérienne visant une réunion des hauts responsables shebab, dont leur chef Abu-Zubeyr », un des nombreux noms de guerre de « Godane », a expliqué mardi à la presse Abdikadir Mohamed Nur, gouverneur de la province méridionale de Basse-Shabelle, théâtre du bombardement.

Selon lui, « ils étaient réunis pour discuter de l’offensive » lancée samedi dans la Basse-Shabelle par les forces progouvernementales somaliennes, appuyées par la Force de l’Union africaine en Somalie (Amisom, 22. 000 hommes).

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La frappe américaine a « infligé des pertes » aux shebab, « mais nous n’avons pas de détails », a poursuivi le gouverneur. « La zone visée était un important repaire des shebab et un camp d’entraînement pour leurs kamikazes ».

Les insurgés ont refusé d’aborder le sort de Godane ou d’éventuelles pertes. « Laissez les Américains dire qu’ils ont tué le chef des shebab », a simplement dit à l’AFP un responsable shebab ayant requis l’anonymat. « Jusqu’ici ils ne nous ont offert que des rumeurs ».

A 37 ans, Godane est l’une des 10 personnalités les plus recherchées pour terrorisme par les Etats-Unis, qui ont mis sa tête à prix pour 7 millions de dollars.

Issu du clan Issaq du Somaliland (nord), et ayant étudié au Pakistan, Godane aurait été formé aux armes en Afghanistan. Fuyant les objectifs, il est au sein des insurgés l’un des partisans les plus radicaux du « jihad mondial », contre les tenants d’une idéologie « nationaliste » somalienne.

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« Si elle était confirmée, la mort de Godane serait un coup terrible pour les shebab et pourrait être le début de la fin », a estimé Abdi Aynte, qui dirige le centre de réflexion Heritage Institute basé à Mogadiscio.

« L’ironie est que Godane a tué celui qui aurait dû être son successeur évident, Ibrahim +al-Afghani+ », lors d’un sanglant conflit interne en 2013, a souligné M. Aynte, estimant que Godane a structuré les shebab pour « enterrer l’organisation avec lui ».

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Mais les Etats-Unis ignoraient mardi le sort du chef des shebab, qui était bien la cible de leur frappe, a indiqué un haut responsable américain sous couvert d’anonymat. « Nous sommes en train d’évaluer les résultats ».

Selon un autre responsable américain, l’opération s’est déroulée exclusivement à l’aide de moyens aériens.

– Retour des chefs de guerre –

Dans le cadre de leur nouvelle offensive, baptisée « Océan Indien », les forces somaliennes et l’Amisom ont repris samedi aux shebab la localité de Bulomarer, dans la Basse-Shabelle, à environ 160 km à l’ouest de Mogadiscio, se rapprochant de leur prochain objectif avoué, Barawe, dernier grand port encore aux mains des islamistes.

Ce port est crucial pour le financement des shebab, qui exportent depuis Barawe du charbon de bois, principalement vers les pays du Golfe.

Bulomarer était le dernier lieu de détention de « Denis Allex », pseudonyme d’un agent des services français de renseignement enlevé en juillet 2009 à Mogadiscio et otage des shebab.

En janvier 2013, un raid français sur Bulomarer avait échoué à le libérer. L’opération s’était soldée par sa mort et celle de deux militaires français.

Les shebab ont été chassés de Mogadiscio, puis de l’essentiel de leurs bastions du sud et du centre de la Somalie depuis août 2011 mais tiennent toujours de larges zones rurales.

Face à l’Amisom, ils ont abandonné le combat conventionnel pour guérilla et attentats, notamment à Mogadiscio, où ils ont mené récemment des attaques spectaculaires contre la présidence et le Parlement.

Dimanche, un commando shebab a attaqué dans la capitale le quartier général des services somaliens de renseignement.

La Somalie est privée de réelle autorité centrale depuis la chute du régime autoritaire du président Siad Barre en 1991 qui a plongé dans le chaos le pays, livré aux milices de chefs de guerre, groupes armés islamistes et gangs criminels.

L’actuel gouvernement, présenté par la communauté internationale comme le meilleur espoir de paix, peine à asseoir son pouvoir au-delà de Mogadiscio et sa périphérie malgré les défaites militaires des shebab, qui laissent dans de nombreuses régions la place à des chefs de guerre tentant d’imposer leur propre autorité.

Et à l’insécurité s’ajoute aujourd’hui une crise alimentaire.

Plus d’un million de personnes survivent dans des conditions proches de la famine, ont estimé mardi des experts de l’ONU, qui s’attendent à ce que la sécheresse et la faim empirent dans le pays.

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