Nigeria: Boko Haram s’empare d’une ville stratégique, l’armée dément

Le groupe islamiste armé Boko Haram s’est emparé mardi de la ville stratégique de Bama, dans le nord-est du Nigeria, selon les témoignages d’habitants, après plus de 24 heures de violents combats contre l’armée, qui dément avoir été vaincue.

Nigeria: Boko Haram s’empare d’une ville stratégique, l’armée dément © AFP

Nigeria: Boko Haram s’empare d’une ville stratégique, l’armée dément © AFP

Publié le 2 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Bama, deuxième ville de l’Etat de Borno, ne se trouve qu’à 70 km au sud-est de Maiduguri, la capitale de l’Etat et métropole régionale de 1,5 million d’habitants (selon le recensement de 2006).

Si la chute de Bama se confirmait, Maiduguri, berceau historique de Boko Haram, serait donc directement menacée par les insurgés islamistes, qui progressent depuis plusieurs semaines dans leur offensive généralisée dans la région et qui semblent tenter d’encercler la métropole. Leur but final pourrait être de créer un califat dans le nord-est du Nigeria, avancent des experts.

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L’armée nigériane de son côté a démenti avoir perdu la ville. Sur son compte twitter, elle a proclamé mardi sa « Victoire ». Lundi soir, un autre message indiquait qu’elle avait repoussé les insurgés hors de la ville.

« Bama est maintenant entre les mains de Boko Haram parce qu’il ne reste plus un seul soldat là-bas », a déclaré à l’AFP un habitant qui a fui la ville, Umar Dahiru.

Des milliers d’habitants ont fui les combats à Bama et se sont réfugiés à Maiduguri, selon plusieurs témoignages, qui indiquent que les combattants de Boko Haram ont vaincu l’armée et se sont emparés de la base militaire de la ville.

« Plus de 400 soldats se sont enfuis avec des habitants », a estimé Umar Dahiru.

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« Certains d’entre eux (les soldats) n’avaient pas de chaussures, d’autres seulement une veste, et d’autres pas de fusil. A les voir, ils avaient l’air de s’échapper pour sauver leurs vies », a témoigné un étudiant de l’université de Maiduguri, Aliyu Dawud.

Les militants de Boko Haram « en grand nombre » avaient lancé l’assaut lundi avant l’aube, selon une source sécuritaire et des habitants.

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Il semble que l’armée avait le dessus, jusqu’à ce qu’un avion de combat bombarde par erreur les troupes, d’après un habitant.

« L’avion n’a pas pu distinguer les soldats des combattants de Boko Haram et a bombardé la caserne, qui était alors sous le contrôle des soldats », a déclaré Yasir Zarami. « Le bombardement a détruit la caserne et forcé les soldats à fuir vers Maiduguri avec des milliers de civils ».

A Maiduguri, le couvre-feu a été étendu de 19 heures à 6 heures du matin (18h00 à 05h00 GMT), pour empêcher une « infiltration des insurgés qui ont subi de lourdes pertes », selon l’armée.

– Changer d’approche –

Ces dernières semaines Boko Haram a pris le contrôle de plusieurs localités importantes, formant un arc de cercle de l’est à l’ouest de Maiduguri, et verrouillant deux des quatre principales routes qui y mènent.

Les insurgés se sont emparés de Gamboru Ngala (à 140 km à l’est de Maiduguri) et de Gwoza (à 120 km au sud-est), ville que le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a déclaré dans une vidéo récente placer sous le règne du « califat islamique ». Ils ont aussi capturé Buni Yadi (au sud-ouest).

Des combats ont eu lieu également à Monguno, qui abrite une importante base militaire, à 140 km par la route au nord de Maiduguri.

Outre ces villes, Boko Haram semble contrôler des zones entières de l’Etat de Borno et certaines zones des Etats voisins de Yobe et d’Adamawa.

L’armée, mal équipée et démotivée, semble incapable d’enrayer la progression des insurgés.

Une réunion internationale consacrée à la lutte contre Boko Haram doit se tenir à Abuja mercredi, avec les ministres des Affaires étrangères des pays de la région et des envoyés occidentaux.

L’insurrection armée de Boko Haram depuis 2009 et sa répression féroce par les forces de sécurité nigérianes ont fait plus de 10. 000 morts et se sont accompagnées d’innombrables atrocités contre la population civile.

Dans une étude publié mardi, le chercheur Marc-Antoine Pérouse de Montclos estime que le Nigeria doit changer d’approche s’il veut mettre fin à l’ »interminable » rébellion.

Il faut réformer la manière de fonctionner de l’armée, de la police, de la justice et des institutions locales, et assurer un développement économique et social dans ces régions déshéritées, assure-t-il.

Une assistance militaire étrangère directe contre Boko Haram risque d’étendre le conflit au-delà des frontières du Nigeria, prévient-il.

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