RDC: l’affaire Chebeya devant la justice après plus d’un an de suspension

L' »affaire Chebeya », qui empoisonne jusqu’au sommet de l’Etat congolais, est revenue vendredi devant la justice à Kinshasa après plus d’un an de suspension, suscitant l’espoir des parties civiles de voir enfin jugés les meurtriers du plus célèbre défenseur des droits de l’Homme congolais.

RDC: l’affaire Chebeya devant la justice après plus d’un an de suspension © AFP

RDC: l’affaire Chebeya devant la justice après plus d’un an de suspension © AFP

Publié le 29 août 2014 Lecture : 3 minutes.

Fondateur de l’ONG La voix des sans voix (VSV), Floribert Chebeya, avait été retrouvé mort dans sa voiture en périphérie de Kinshasa le 2 juin 2010 après s’être rendu à l’inspection générale de la police congolaise pour y rencontrer le chef de la police de l’époque, le général John Numbi.

A l’issue d’une enquête dénoncée comme bâclée par les parties civiles, des organisations de défense des droits de l’Homme et plusieurs chancelleries occidentales, cinq policiers ont été condamnés en 2011 (quatre à mort et un à la prison à vie) pour le meurtre de Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, disparu dans la nuit du 1er au 2 juin 2010.

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Le procès en appel des cinq hommes, dont trois sont en fuite, avait été suspendu en mai 2012 à la suite d’une exception d’inconstitutionnalité déposée par les avocats des parties civiles.

La cour suprême de justice de Kinshasa, juridiction la plus élevée de République démocratique du Congo, a commencé vers 13h30 (12h30 GMT) l’examen de cette requête dont le but, pour les parties civiles, est de rendre inattaquable le jugement final dans cette affaire.

– Accusés en fuite –

Quelle que soit la réponse de la Cour, le procès en appel des cinq policiers condamnés en première instance doit reprendre dans les semaines qui viennent.

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Les parties civiles comptent sur la reprise du procès pour faire comparaître sur le banc des accusés le général Numbi, qu’ils considèrent comme le « suspect numéro un ». « Nous attendons qu’il soit arrêté et transformé en prévenu », a déclaré à l’AFP Rostin Maketa, directeur adjoint de la VSV.

Le général Numbi a toujours affirmé n’avoir jamais rencontré Chebeya. Entendu comme témoin au procès en première instance, l’officier avait déclaré n’avoir « jamais » donné rendez-vous à Chebeya. Suspendu de ses fonctions quelques jours après le meurtre de Chebeya et Bazana, il a été officiellement démis en décembre 2013.

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Un des accusés du procès en appel, en fuite et réfugié aujourd’hui au Sénégal, a mis en cause le général Numbi dans la fin tragique des deux hommes, mais la Cour a refusé que son témoignage soit produit.

Mardi, la justice sénégalaise a accepté d’ouvrir une information judiciaire à l’encontre de ce policier à la suite d’une plainte déposée en juin par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et les familles des victimes. Cette procédure « sert d’aiguillon » pour la justice congolaise, estime maître Joseph Mukendi, avocat des parties civiles.

Le double meurtre avait suscité la consternation en République démocratique du Congo. Le défenseur des droits de l’homme, qui était devenu de plus en plus virulent dans sa critique du pouvoir du président Joseph Kabila, en fonction depuis 2001, avait eu droit à des obsèques nationales.

L’affaire a été à l’origine d’une brouille diplomatique entre Paris et Kinshasa en 2012 lors de la tenue du sommet de la francophonie dans la capitale congolaise: le président François Hollande, nouvellement élu, avait honoré publiquement la mémoire de Chebeya.

Aujourd’hui, « le sentiment général est que la justice n’a pas été rendue » et que « les vrais auteurs [ne sont] pas encore punis », a déclaré à l’AFP Abdoul Aziz Thioye, directeur adjoint du bureau de l’ONU pour les droits de l’homme en RDC.

« Avec la reprise de ce procès [. . . ] nous avons cette fois bon espoir que la justice sera enfin rendue », indique Ida Sawyer de l’organisation Human Rights Watch.

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