Angola: l’essor du crédit bancaire ne profite qu’à certains

En Angola, deuxième producteur de pétrole d’Afrique, les efforts du gouvernement pour développer l’accès au crédit ne bénéficient qu’à certains secteurs, ce qui rend difficile la diversification de l’économie et l’émergence d’une classe d’entrepreneurs.

Angola: l’essor du crédit bancaire ne profite qu’à certains © AFP

Angola: l’essor du crédit bancaire ne profite qu’à certains © AFP

Publié le 17 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

« Malgré le discours officiel sur l’augmentation du volume de crédit, il suffit d’écouter les chefs d’entreprise pour comprendre qu’ils rencontrent toujours des difficultés pour financer leurs projets », affirme Justino Pinto de Andrade, professeur d’économie à l’Université catholique angolaise et membre d’un parti d’opposition.

« La question du crédit continue à être le talon d’Achille de notre économie, pour le secteur privé et parfois même pour les entreprises publiques », renchérit José Severino, le président de l’Association des industriels angolais (AIA).

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« Nous sommes loin d’une situation idéale mais nous avons fait de grands progrès ces dernières années, en facilitant la conclusion de prêts via le micro-crédit notamment », tempère Jacinto Ferreira Domingos, le directeur d’un incubateur d’entreprises mis en place par le ministère de l’Administration publique.

Selon la banque centrale angolaise, le volume de crédit accordé à l’économie a augmenté de 30% de 2010 à 2011 puis de 17% l’année suivante, dépassant les 22 milliards de dollars en 2012.

Cet essor s’appuie sur le taux de croissance moyen de 10% du pays ces dix dernières années, sur le fort développement de son secteur bancaire mais aussi sur un ensemble de mesures prises par l’exécutif, dont le lancement d’un programme de prêts bonifiés et garantis par l’Etat à destination des micro, petites et moyennes entreprises, appelé Angola Investe.

L’objectif du gouvernement est double: diversifier l’économie en finançant des industries autres que pétrolières, comme des activités agricoles ou de commerce, et encourager l’émergence d’une classe d’entrepreneurs nationaux, afin de diminuer la dépendance au pétrole.

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Dans la pratique, les secteurs du commerce, des services, de la construction et de l’industrie extractive sont les plus gros bénéficiaires de crédits, loin devant l’agriculture et la pêche par exemple, note une récente étude du cabinet d’études Deloitte.

« Nous avons bénéficié d’une ligne de crédit agricole de l’Etat, qui nous permettait d’emprunter auprès d’une banque locale pendant neuf mois puis de rembourser les neuf mois suivants », témoigne Henriques Chimbili, 48 ans, membre d’une coopérative agricole dans la région de Huambo (sud).

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« Mais elle s’est arrêtée en 2006 et depuis c’est très dur. Nous avons essayé de négocier un crédit sur la base des fonds de la coopérative et de nos biens personnels mais les banques refusent faute de garanties suffisantes ou nous découragent avec des procédures bureaucratiques », ajoute l’agriculteur qui ne parvient pas à financer des travaux de modernisation de son exploitation.

Quel que soit le secteur, la présentation des garanties, dans une économie où une grande partie de la population vit du secteur informel, est la principale difficulté rencontrée par les banques pour octroyer un prêt, avec un taux d’intérêt moyen de 18% pour un crédit non aidé en 2011, selon la Banque mondiale.

L’autre problème est le manque de formation des entrepreneurs, qui explique en partie la hausse continue des incidents de remboursement des crédits.

« Depuis le lancement du programme Angola Investe, nous avons reçu une soixantaine de propositions et nous avons approuvé huit projets », détaille Emidio Pinheiro, le président du conseil d’administration de BFA, la deuxième banque privée du pays.

Quant au crédit aux particuliers, il est encore plus compliqué, la majorité des Angolais vivant avec moins de 2 dollars par jour et seuls 20% d’entre eux disposant d’un compte en banque, selon une étude de la Banque africaine de développement.

« Les critères imposées par les banques, montants des mensualités élevés et temps de remboursement courts, sont impossibles à respecter pour la plupart des gens », se désole Emilio Manuel, 42 ans, un salarié habitant Luanda qui a essayé, en vain, de signer un prêt pour acheter un appartement.

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