Tunisie: le procès d’un doyen de faculté hostile au Niqab s’invite au FSM

Le procès du doyen de la Faculté tunisienne des lettres, des arts et des humanités de la Manouba, une affaire emblématique du bras de fer entre laïcs et islamistes en Tunisie, s’est invité au Forum social Mondial (FSM) qui se tient jusqu’à samedi à Tunis.

Tunisie: le procès d’un doyen de faculté hostile au Niqab s’invite au FSM © AFP

Tunisie: le procès d’un doyen de faculté hostile au Niqab s’invite au FSM © AFP

Publié le 27 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Un rassemblement de soutien au doyen Habib Kazdaghli se tiendra jeudi devant le tribunal de première instance de la Manouba, près de Tunis, dont le verdict est attendu ce jour même, à l’appel de l’Association tunisienne de défense des valeurs universitaires (ATDVU).

« Ce rassemblement se tiendra dans le cadre des activités du FSM en coordination avec des ONG » tunisiennes et européennes, a indiqué l’association dans un communiqué. « Notre appel est à l’attention des citoyens démocrates tunisiens ou amis de la Tunisie participant au FSM 2013 ».

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Possible hasard du calendrier, le renvoi de la date du verdict dans l’affaire qui oppose le doyen à une étudiante portant le voile islamique intégral (Niqab) tombe en pleine réunion du FSM.

Habib Kazdaghli, dont le procès avait été reporté plusieurs fois depuis juillet, est inculpé d’ »acte de violence commis par un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions », un délit passible jusqu’à cinq ans de prison, selon des avocats.

Les faits remontent à mars 2012, lorsque deux étudiantes portant le voile intégral ont mis à sac son bureau. L’une d’elles, qui avait été exclue six mois de la faculté pour avoir porté le Niqab en salle de cours, accuse le doyen de l’avoir giflée.

Les deux étudiantes sont poursuivies dans ce même procès pour avoir attaqué le bureau du doyen, un homme de gauche soutenu par les syndicats universitaires et l’opposition.

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Selon les organisateurs, l’appel au rassemblement jeudi se veut également en « soutien à l’indépendance de la magistrature tunisienne » et constitue « une occasion pour exprimer le rejet de la violence ».

Les partisans du doyen s’inquiètent aussi du « devenir des libertés », citant notamment le cas d’une enseignante à la Manouba, Raja Ben Slama, poursuivie pour diffusion de fausses nouvelles après avoir critiqué sur page Facebook un élu islamiste.

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Des dizaines d’associations signataires d’un « Manifeste de soutien au doyen Habib Kazdaghli » s’alarment en outre du retard de la justice à rendre son verdict, plus de deux mois après sa mise en délibéré le 17 janvier, le collectif soulignant le « caractère éminemment politique » de l’affaire.

Un bras de fer oppose depuis 2011 la direction de la faculté de la Manouba (13. 000 étudiants) à la mouvance salafiste, un mouvement extrémiste de l’islam sunnite ayant émergé dans la foulée de l’amnistie générale décrétée peu après la chute du régime de l’ex-président Ben Ali en janvier 2011. Il avait été déclenché le 28 novembre 2011 avec un sit-in d’étudiants et de salafistes réclamant l’accès en cours des étudiantes en Niqab.

Le procès de M. Kazdaghli qui vise, selon lui, « les libertés académiques et le respect des règles pédagogiques », est contesté par le corps enseignant, la société civile et l’opposition laïque qui accusent le gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda de chercher à islamiser la société tunisienne.

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