Hailemariam Desalegn : « L’Asie a montré l’importance d’avoir des dirigeants dotés d’une solide vision »

Président en exercice de l’Union africaine, le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, revient sur les processus de résolution des conflits au Mali et en Somalie ainsi que sur la stratégie de développement de son pays.

Hailematiam Desalegn, le 19 avril à Paris. © Bruno Levy pour TAR

Hailematiam Desalegn, le 19 avril à Paris. © Bruno Levy pour TAR

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Publié le 27 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

La nouvelle Éthiopie
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À la tête du pays depuis septembre 2012, Hailemariam Desalegn, cet ingénieur de 47 ans devrait y rester jusqu’à la fin de la législature, en 2015. Il se place d’ici là dans la continuité de Mélès Zenawi, dont il était vice-Premier ministre.

Jeune Afrique : Vous avez dit vouloir retirer vos troupes de Somalie dès que possible, mais il y a eu d’importants troubles dans certaines des régions que vous avez quittées…

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Hailemariam Desalegn : Nous sommes intervenus à la demande du gouvernement fédéral de transition pour soutenir le pays dans son combat contre les Shebab. L’accord avait pour objectif d’ouvrir différents fronts. Nous savions que si les Shebab se dispersaient, ils s’affaibliraient, et il nous serait alors possible de les démanteler. Cette mission achevée, il était délicat de rester alors que nous nous étions engagés à nous retirer dès qu’elle serait accomplie. Cependant, pour garantir la sécurité, nous avons attendu pendant les neuf derniers mois. Désormais, nous voulons que la communauté internationale comprenne que nous ne pouvons plus rester sur place à nos propres frais. Mais notre ambition et notre politique restent clairs : nous n’abandonnerons pas le combat contre les Shebab, quoi qu’il arrive.

Que pensez-vous de l’évolution de la situation au Mali ?

L’inter­vention de la France a été déterminante. Sans elle, la situation serait désastreuse et les conséquences terribles pour la population malienne. La procédure d’urgence étant terminée, il faut désormais un effort international, qui n’est plus de la responsabilité de la France seule mais de celle des Africains : de l’Union africaine [UA, NDLR] et, en particulier, de la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest]. La demande faite par la France, la Cedeao et l’UA aux Nations unies d’envoyer des Casques bleus doit recevoir une réponse du Conseil de sécurité le plus rapidement possible [l’entretien s’est tenu avant l’adoption, le 25 avril, de la résolution actant l’envoi de 12 600 hommes]. Mais, au sein de l’UA et de la Cedeao, nous pensons qu’une opération de maintien de la paix n’est pas suffisante. Il faudrait une force d’imposition de la paix [d’interposition militaire neutre] dotée d’un mandat en conséquence.

Sur le plan intérieur, comment la planification économique est-elle organisée ?

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Le Conseil national de planification est dirigé par le Premier ministre. Il réunit les gouvernements locaux, les acteurs du secteur privé et tous ceux qui sont impliqués dans le processus de planification. Bien entendu, le Premier ministre Mélès [Zenawi, décédé en août 2012] a eu une énorme influence sur ce processus. L’exemple des pays de l’Est asiatique a montré l’importance d’avoir des dirigeants dotés d’une solide vision. C’est aux techniciens et aux professionnels de voir ensuite comment elle peut se matérialiser en termes d’infrastructures, d’industrialisation ou d’organisation et de production agricole.

Quels sont les objectifs du programme de « villagisation » lancé en 2010 pour regrouper les communautés rurales ?

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Si l’on veut que celles-ci développent des industries locales, il faut qu’elles aient de l’énergie. Or, on ne peut en distribuer quand l’habitat est trop dispersé. Le processus de « villagisation », comme ont dit, procède d’une logique économique et sociale à la fois, car il facilite la mise en place de services de santé, d’éducation ou d’eau potable. Et il repose sur le volontariat. Sinon, il ne marcherait pas.

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Propos recueillis par Nicholas Norbrook et Patrick Smith

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