France : la présidentielle vue depuis l’Algérie (#1)

Jusqu’au premier tour de l’élection présidentielle française, Jeune Afrique prend le pouls de la campagne depuis le continent. Direction l’Algérie où la presse commente amplement la course à l’Élysée.

Les Algériens sont très critiques des dérives droitières de l’UMP selon M. Brahimi. © J.A.

Les Algériens sont très critiques des dérives droitières de l’UMP selon M. Brahimi. © J.A.

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Publié le 28 février 2012 Lecture : 3 minutes.

La présidentielle française 2012 vue d’Afrique
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La présidentielle française 2012 vue d’Afrique

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À en croire les nombreux billets des éditorialistes algériens, l’élection présidentielle française est un sujet porteur pour la presse. « La campagne est très suivie par les Algériens », confirme Miloud Brahimi, avocat et ancien président de la Ligue algérienne des droits de l’homme. Selon lui, ses concitoyens seraient même « incollables », sur le sujet.

« C’est très spécial de voir la campagne électorale française depuis l’Algérie car plusieurs choses nous rapprochent : l’histoire, la langue, l’immigration et la télé. Avec la parabole, nous avons accès à toutes les chaînes françaises. Les débats entre les candidats passionnent », explique-t-il.

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"Dérives droitières"

L’intérêt est « à la fois intellectuel et politique », précise Miloud Brahimi. Les Algériens sont par exemple très critiques à l’égard des « dérives droitières » de l’UMP, estime le militant des droits de l’homme. Si pour Omar Belhouchet, directeur du quotidien El Watan, ils savent « pertinemment que ces dérapages verbaux se font à la veille d’élections présidentielles ou législatives », les lecteurs et auditeurs ont violemment réagi aux dernières orientations politiques de la campagne de Nicolas Sarkozy

Une stratégie qu’El Watan qualifie de « surenchère verbale contre l’immigration ». « Bien avant les propos de Guéant sur « la supériorité de la civilisation occidentale », le parti présidentiel, l’UMP, n’a pas économisé ses efforts pendant cette mandature pour faire du musulman l’origine de tous les maux », estime El Watan. « Burqa, laïcité, prière de rue, identité nationale, la machine de guerre de Jean-François Copé a fait du musulman le juif des années 30 » va jusqu’à proclamer le célèbre quotidien.

Une « dérive droitière » qui explique selon l’Expression pourquoi « toutes les personnalités, qui incarnaient au début de son quinquennat l’ouverture à la diversité prônée par le président français, ont été évincées ». De Rachida Dati à Fadéla Amara, en passant par Rama Yade ou encore Abderrahmane Dahmane – et même si, de manière opportuniste, on en voit réapparaître certaines depuis quelques jours.

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À contrario, les médias algériens semblent prendre les déclarations de Marine Le Pen, la candidate du Front national, avec plus de distance. El Watan ne s’étonne par exemple pas de ses propos sur la viande Halal. « Les Algériens ne s’intéressent pas à elle. Ils savent que le pouvoir est entre le PS et l’UMP », explique Miloud Brahimi. Et entre les deux ténors de la vie politique française, François Hollande aurait une longueur d’avance, estime le militant des droits de l’homme. « Les Algériens sont plus proches de la sensibilité socialiste. Car qui dit droite, dit droite de la droite et ce qu’elle véhicule », dit-il.

Ce qui ne changera pas…

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La sensibilité des relations franco-algériennes donne également un intérêt particulier à cette élection. Outre le sort réservé aux immigrés algériens vivant en France, deux thématiques ternissent les relations entre les deux pays : la question de la mémoire et celle du Sahara occidental. Mais pour Miloud Brahimi, le choix du prochain président français n’aura aucune conséquence sur ces deux thématiques.

« Au mieux, il y aura avec la gauche un changement de langage » sur la question du Sahara, « les relations entre le Maroc et la France sont trop importantes ».

Sur le thème sensible de la mémoire, il estime « qu’un changement supposerait un bouleversement de ce qu’a été pour la France l’Algérie coloniale et de ce qu’elle représente aujourd’hui ». Un bouleversement que, 50 ans après les accords d’Évian, Nicolas Sarkozy comme François Hollande, ne seraient pas encore prêts à opérer.

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