WikiLeaks : comment Mugabe s’est accroché au pouvoir

Une note diplomatique publiée par WikiLeaks révèle que l’année 2000 aurait dû être celle du départ de Robert Mugabe, président du Zimbabwe depuis 1987. Mais aux alléchantes propositions de retraite dorée, il a opposé une fin de non-recevoir.

Robert Mugabe à Harare, en décembre 2008. © Reuters

Robert Mugabe à Harare, en décembre 2008. © Reuters

Publié le 21 décembre 2010 Lecture : 2 minutes.

Afrique : la bombe WikiLeaks
Issu du dossier

Afrique : la bombe WikiLeaks

Sommaire

Il y a tout juste dix ans Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations unies, a fait à Robert Mugabe une offre que, pensait-il, il ne pourrait refuser. Au président du Zimbabwe, alors âgé de 76 ans dont déjà 13 passés à la tête du pays, il propose de s’éclipser du pouvoir, de céder sa place en mettant fin, de fait, au régime autocratique qu’il avait instauré. En contrepartie, il aurait droit à l’asile politique dans un pays étranger et à une rente sous forme de compensation financière – fournie par le « Guide » libyen Mouammar Kadhafi ! Robert Mugabe aurait d’abord consulté son épouse avant de décliner l’offre.

Le télégramme diplomatique américain daté de septembre 2000 et divulgué par The Observer en partenariat avec WikiLeaks dimanche 19 décembre fait état d’informations émanant de membres du Mouvement pour le changement démocratique (MDC),  principal parti d’opposition zimbabwéen.

la suite après cette publicité

« Kofi Annan, lors du récent sommet du Millénaire à New York, a proposé un accord à Mugabe pour renoncer » à ses fonctions, peut-on lire dans cette note. « Le MDC n’a pas eu connaissance des détails mais il a supposé qu’il incluait probablement un lieu d’asile et un volet financier fourni par le dirigeant Mouammar Kadhafi », précise la source.

Un système éprouvé

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce système de compensations pour « aider » un départ est finalement plutôt courant. Ainsi pour pousser Laurent Gbagbo à accepter le verdict des urnes en Côte d’Ivoire, les médiateurs lui ont laissé entendre que s’il se retirait, l’on pourrait lui confier sur le continent un rôle semblable à celui qui attend l’ex-président de la transition guinéenne, le général Sékouba Konaté. Mais il a choisi l’option zimbabwéenne et, comme Robert Mugabe, n’a pas attendu longtemps avant de refuser tout net.

Les Nations unies ne sont pas seules, en 2000, à vouloir voir Robert Mugabe plier bagage. La note révèle aussi que son rival le numéro un du MDC, Morgan Tsvangirai, travaille à préparer une sortie honorable pour le président, « dans l’intérêt du Zimbabwe ». Un obscur homme d’affaires zimbabwéen a même proposé, assure l’ambassade américaine à Harare, de régler la note et de financer la « prime de départ » du président indésirable.

la suite après cette publicité

Au terme d’une longue crise politique qui a duré plus de huit ans, Morgan Tsvangirai a finalement été nommé Premier ministre en 2009, après avoir perdu la présidentielle controversée face à l’inamovible Mugabe en 2008. La médiation entre les deux hommes a été assurée par… Kofi Annan, et la cohabitation est aujourd’hui tout sauf cordiale.

À 86 ans, Robert Mugabe s’est dit « très confiant », ces jours-ci quant aux prochaines élections prévues pour 2011, pour lesquelles, bien sûr, il se porte candidat…

la suite après cette publicité

___

Consulter le câble diplomatique ici.

 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

Le président congolais Joseph Kabila, et son ancien allié Vital Kamerhe. © AFP/Vincent Fournier pour J.A.

WikiLeaks-RDC : la rivalité Kabila-Kamerhe, vue par Washington

Amadou Toumani Touré est embarrassé par les dernières révélations de WikiLeaks. © AFP

WikiLeaks : Bamako sur la sellette