Mali : Mariko contre vents et marées
Seule voix dissonante des deux dernières législatures, le leader altermondialiste Oumar Mariko réclame plus de place pour l’opposition.
Où va le Mali ?
Si, au cours du premier mandat du chef de l’État malien Amadou Toumani Touré, le député Oumar Mariko, secrétaire général du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi, gauche altermondialiste), avait obtenu la présidence de la prestigieuse commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, ce statut ne lui avait pas pour autant cloué le bec. Et c’est parce que l’opposition est désormais très faiblement représentée au sein des instances élues qu’il revendique une parfaite parité entre majorité et opposition, « par simple bon sens démocratique ».
Le gouvernement a passé outre cette revendication. Le 7 septembre, le général Kafougouna Koné, ministre de l’Administration territoriale, a rendu publique la composition de la future Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Sans surprise, elle ne comprend qu’un seul membre de l’opposition. Cette nouvelle provoque le courroux d’Oumar Mariko, qui fulmine. « Non seulement elle n’a eu droit qu’à un seul siège sur dix, mais l’administration l’a confié à un inconnu. » L’inconnu en question, c’est Moussa Konaté, président du Parti social démocrate (PSD), qui ne dispose pas d’élu au Parlement, mais qui a eu la bonne idée de participer aux ateliers consacrés à la Ceni organisés par l’administration, en collaboration avec les partis politiques.
La majorité déplore que le député s’attaque à la crédibilité du processus électoral.
Triste Sadi. « Dans sa stratégie d’obstruction, affirme un collaborateur du général Koné, le Sadi avait refusé de communiquer un nom pour la Ceni. Deux listes de l’opposition nous avaient été soumises, celle du candidat Cheikh Modibo Diarra et celle de Moussa Konaté. C’est cette dernière qui a été retenue. »
Du côté de la majorité, on ne pleure pas sur le sort d’Oumar Mariko, mais l’on déplore son attitude, qui vise à attaquer la crédibilité du processus électoral. « Tout cela est une histoire de per diem et de gros sous, se lamente un baron de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema). Le budget de la Ceni est de 4 milliards de F CFA (6,1 millions d’euros), cela attire les convoitises. La volonté d’y compter plusieurs membres n’obéit pas au désir de mieux contrôler les opérations de vote, mais de gagner plus. »
Quant au Rassemblement pour le Mali (RPM) d’Ibrahim Boubacar Keita, il se mure dans un silence prudent, pendant que l’Union pour la République et la démocratie (URD) du candidat Soumaïla Cissé préconise l’octroi d’un second siège à l’opposition.
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