Hanane Lamgharraze : la mariée était en blanc

Jeune patronne d’Oriental Wedding, cette créatrice propose ses caftans aux Franco-Maghrébines à la recherche de robes de mariage traditionnelles… et modernes.

Hanane Lamgharraze. Créatrice de mode. © Camille Millerand/J.A.

Hanane Lamgharraze. Créatrice de mode. © Camille Millerand/J.A.

Publié le 2 octobre 2014 Lecture : 3 minutes.

Et alors, me direz-vous ? « Ça a changé la vie de pas mal d’entre nous ! » répond tout sourire la patronne d’Oriental Wedding, jolie brunette de 1,72 m, alors qu’elle est en plein rush, occupée à placer des épingles sur une belle tunique bleue qu’une cliente a commandée pour un mariage prévu dans deux jours.

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Demande urgente

« Une fois sur deux, les robes étaient soit trop courtes, soit trop longues », rappelle-t-elle. C’est en partie pour répondre à la demande urgente de centaines de très nombreuses Franco-Maghrébines désespérées, et aussi pour que les robes ne meurent plus dans un placard, que la trentenaire a décidé de se lancer un jour dans un business dont « elle n’avait au départ aucune idée de l’issue ». Cinq ans plus tard, sa boutique cartonne. Située juste derrière l’Hôtel de Ville, à Paris, elle est l’une des plus connues de l’Hexagone. On y vient de tous les recoins de France, voire même du Maghreb.

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Un jour de fin juin. Nous sommes ici depuis une heure maintenant et le téléphone ne cesse de sonner. « À cause des beaux jours, de mars à septembre, tout le monde veut se marier, alors on est débordé ! » Hanane Lamgharraze – son prénom signifie « douceur » en arabe – est sereine. Oriental Wedding reste de loin la référence. Son succès s’explique surtout par l’originalité de ses robes, dessinées par la patronne elle-même. C’est également elle qui voyage aux quatre coins du monde, de Londres à Delhi en passant par Dubaï, pour choisir les tissus. Ses robes sont un subtil mélange d’Orient et d’Occident. Son style métis pourrait à lui seul résumer son histoire.

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Le parcours de cette jeune femme est atypique. Née de l’autre côté du périphérique, un 20 septembre 1984, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), elle quitte la France à l’âge de 3 ans. « Mes parents divorçaient. Contrairement à mes deux soeurs, j’étais trop jeune pour partir en colonie de vacances. Alors ma mère m’a envoyée chez une famille hollandaise, grâce à une association catholique », se souvient-elle, la voix chargée d’émotion, comme toujours quand elle évoque Jean-Louis et Claudia. Le coup de foudre avec le couple hollandais, qui n’a pas d’enfant, est immédiat et surtout réciproque.

« Au début, il était prévu que j’y aille seulement un été. J’y ai passé toutes mes vacances », reprend la jeune femme. Elle a 10 ans quand Jean-Louis et Claudia quittent l’autre pays du fromage pour la péninsule Ibérique. Ça ne fait rien : Hanane Lamgharraze ne rompt pas les liens pour autant avec ceux qu’elle considère comme « sa maman et son papa de coeur ». Elle continue de passer toutes ses vacances de l’autre côté des Pyrénées.

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L’Espagne ! La jeune femme s’y exile pour six mois, à 21 ans, après avoir obtenu avec brio un BTS en comptabilité. « J’avais besoin d’un break. Ma seconde famille vivait là-bas et j’ai mêlé l’utile à l’agréable. » Aux côtés de Jean-Louis et Claudia, Hanane Lamgharraze apprend beaucoup sur cette « fameuse double culture » dont on parle tant. « J’ai des amis qui sont tiraillés. Sont-ils français, marocains, algériens ? Je ne me pose pas la question. Grâce à ma famille hollandaise, je vis bien avec toutes mes identités ! »

Avec eux, elle est occidentale, fête Noël, cherche les oeufs dans le jardin à Pâques. En 2011, elle se marie. Le jour J, à Fès, d’où ses parents sont originaires, elle stresse un peu. « Pour le mariage », mais aussi parce qu’elle est habillée de l’une de ses créations, un caftan blanc, qui en étonne plus d’un. « Mes deux familles étaient surprises parce que c’était différent, mais ils m’ont dit après qu’ils avaient adoré. Je portais ce jour-là un beau voilage en mousseline de soie plissée, travaillée avec des galons argentins. »

À 30 ans, Hanane Lamgharraze semble totalement épanouie, nageant dans le bonheur. En janvier dernier, en Corse, son premier défilé de mode a été salué par une standing ovation. Au vu du succès d’Oriental Wedding, on peut se demander pourquoi il n’y a pas encore d’autres boutiques. « Disons qu’un autre bonheur d’ordre personnel est sur le point d’arriver », dit-elle, mutine.

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