Bénin – Japon : les deux amours de Zomahoun Rufin

Star du petit écran, écrivain et mécène, l’ambassadeur du Bénin à Tokyo s’est épris de l’archipel, qui le lui rend bien et auquel il fait découvrir l’âme africaine. Histoire de passions partagées.

Zomahoun Rufin est arrivé au Japon en mars 1994. © DR

Zomahoun Rufin est arrivé au Japon en mars 1994. © DR

Publié le 31 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

« Quand je fais le bilan de toutes ces années, mon coeur est beaucoup plus attaché à cette partie du monde [l’Asie, NDLR], surtout au Japon, qu’aux autres régions de la planète. » Installé dans son bureau de l’ambassade du Bénin à Tokyo, Son Excellence Zomahoun D. C. Rufin ne cache pas son émotion d’être aujourd’hui le représentant de son pays dans l’archipel, avec lequel il entretient une véritable histoire d’amour.

Arrivé au Japon en mars 1994 après six années passées en Chine, où il est devenu « le premier sinologue africain du sud du Sahara », l’homme est fier de son parcours au pays du Soleil-Levant.

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En 1998, il est repéré dans un restaurant de ramen (nouilles en bouillon) par un membre du staff de Takeshi Kitano. Celui que l’on connaît dans le reste du monde comme le réalisateur de Sonatine (1993) et de Hana-Bi (1997) est avant tout célèbre au Japon pour ses émissions de télévision. Grâce à lui, Zomahoun Rufin obtient le statut de talento, c’est-à-dire de star du petit écran. Invité régulier de l’émission Koko ga Hen da yo Nihonjin (« ils sont bizarres ces Japonais ») sur la chaîne TBS, il ne veut pas pour autant se satisfaire de cette notoriété.

Entre l’Afrique et le Japon

En 1999, il publie Zomahon no Hon (« le livre de Zomahoun »), dans lequel il raconte son histoire, celles de son pays et de son continent d’origine. « Je voulais lutter contre l’ignorance des Japonais à l’égard de l’Afrique, confie-t-il. Après une étude comparative des manuels scolaires en Chine, au Japon et au Bénin, j’avais pu constater que les ouvrages japonais présentent de façon assez précise l’ensemble des pays d’Asie, d’Europe ou d’Amérique, mais que le continent africain était réduit à une ou deux pages. » Sa liberté de ton et sa manière de s’adresser à eux séduisent les lecteurs nippons. Son livre est un best-seller. « J’aurais pu m’acheter une maison sur la Côte d’Azur, à Ginza ou à Aoyama, les deux quartiers chics de Tokyo. J’ai préféré construire des écoles primaires dans mon pays », explique celui dont les revenus se sont soudain comptés en dizaines de millions de yens.

Soucieux de lutter contre « la déshumanisation du monde dont la mondialisation est responsable », comme il le rappelle dans un second livre lui aussi classé en tête des ventes, Zomahoun Rufin poursuit sa lutte contre l’injustice et la misère. Il implante des puits dans les régions qui en ont besoin, il veut aussi développer les échanges entre l’Afrique et le Japon. En 2004, il fonde l’ONG Ife (« amour », en yoruba), dont l’un des premiers objectifs est la création d’une école de japonais à Cotonou, « la seule de toute l’Afrique sub­saharienne ». Animée par une vingtaine d’enseignants japonais volontaires, elle a déjà formé quelque 1 200 étudiants à la langue et à la civilisation nippones. Grâce à Ife, une trentaine d’entre eux poursuivent leurs cursus dans des universités japonaises.

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Désormais représentant officiel de son pays, Zomahoun Rufin incarne on ne peut mieux, à la veille de la Ticad V, ce dynamisme qui permettra aux Japonais de « découvrir le vrai monde et de voir qu’il ne se résume pas à l’Asie, l’Europe ou l’Amérique ». 

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