Nigeria : Remi Sonaiya, une seule femme candidate dans le pays le plus peuplé du continent

Remi Sonaiya est la première femme dans l’histoire du Nigeria à se porter candidate à une élection présidentielle.  Bien que sa candidature fasse figure de poids plume, elle souhaite lancer un signal fort vers les femmes, qui, dit-elle, ont évidemment leur place en politique.

Remi Sonaiya, candidate à l’élection présidentielle du 28 mars 2015 au Nigeria. © Twitter/@oluremisonaiya

Remi Sonaiya, candidate à l’élection présidentielle du 28 mars 2015 au Nigeria. © Twitter/@oluremisonaiya

Publié le 26 mars 2015 Lecture : 3 minutes.

Quatorze candidats en lice, une seule femme : Remi Sonaiya. L’universitaire de 60 ans, originaire d’Ibadan au sud-ouest du pays, est la première Nigériane à briguer la magistrature suprême. "Les femmes doivent s’impliquer en politique si nous voulons un changement", nous lance-t-elle d’entrée de jeu. Ses chances de réussite face à Goodluck Jonathan et Muhammady Buhari sont nulles, mais le message est plus important que la victoire.

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Professeure de français à la retraite, Remi Sonaiya a choisi de faire le saut en politique en 2011 sous la bannière du jeune parti Kowa, issu de la société civile. "Nous devons offrir une alternative au peuple nigérian", dit-elle d’un ton assuré. Le pays est dirigé par une classe politique "riche et corrompue" alors que "les conditions de vie de la population sont médiocres". Le parti, fondé un an plus tôt en 2010, en est à ses premiers balbutiements. Kowa compte seulement entre 10 000 et 15 000 militants. C’est bien peu pour un pays comme le Nigeria, le plus peuplé du continent africain avec ses 173 millions d’habitants. Qu’à cela ne tienne, Remi Sonaiya a choisi de mener sa campagne en misant sur l’intégrité et la transparence, des valeurs défendues par son parti.

Sur sa liste des priorités : la lutte contre Boko Haram

Premier enjeu à défendre : la lutte contre Boko Haram, groupe islamiste présent au nord-est du pays. Remi Sonaiya reconnaît les avancées de l’armée nigériane et de la coalition régionale, menée par le Tchad, au cours des dernières semaines. Mais ce n’est pas suffisant, croit-elle. "Pour éviter de faire face à cette menace de manière récurrente, le problème du terrorisme doit être endigué à plus grande échelle, dans tout le Sahel. Nous souhaitons collaborer davantage avec nos voisins et nos partenaires occidentaux."

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Au-delà des enjeux sécuritaires, Remi Sonaiya souhaite offrir l’électricité à tous les Nigérians afin de favoriser le développement économique du pays, créer de l’emploi pour les jeunes chômeurs et investir dans le système d’éducation. Son intérêt pour l’éducation n’est pas étranger à son parcours universitaire. Remi Sonaiya est docteure en linguistique et professeure à la retraite de l’université Obafemi Awolowo d’Ile-Ife, une ville du sud-ouest du pays. Elle a effectué des études de français au Nigeria et aux États-Unis, où elle a décroché un diplôme en littérature française à l’Université Cornell.

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Des femmes d’influence au Nigeria

Remi Sonaiya est loin d’être la première femme à s’impliquer en politique au Nigeria, même si les centres de pouvoir restent très largement dominés par les hommes. Des figures charismatiques parsèment déjà le paysage, à l’image de l’ex-directrice générale de la Banque mondiale, Ngozi Okonjo-Iweala, aujourd’hui ministre des Finances de Goodluck Jonathan. Ou encore Diezani Alison-Madueke, à la tête du ministère des Ressources pétrolières, qui est aussi la première femme à occuper la présidence de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.

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Une campagne modeste

Pour faire valoir ses idées durant la campagne, Remi Sonaiya et son parti ne disposent que de très peu de moyens financiers, surtout en comparaison avec les machines électorales des deux principaux candidats. "Je suis une personne ordinaire, une citoyenne comme tous les autres. Je réussis à convaincre des gens un à un, à les sensibiliser et c’est ce qui compte pour moi. Et ils sont contents de voir une femme se présenter !", explique la candidate avec conviction. S’il lui est impossible de parcourir tout le pays, Remi Sonaiya fait campagne sur son site Internet et sur les médias sociaux.

Le vote aura lieu samedi 28 mars. "J’espère les les Nigérians iront voter massivement et calmement, peu importe leur choix politique", lâche la femme qui compte demeurer active dans l’arène politique au-delà de cette présidentielle.

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