Ramtane Lamamra : « Un accord de paix peut être signé au Mali dans moins de six mois »

Présent à Addis-Abeba pour le Sommet de l’Union africaine, le ministre algérien des Affaires étrangères et médiateur en chef des négociations de paix au Mali, Ramtane Lamamra, se dit confiant dans un réglement prochain de la crise malienne. Interview.

Le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, le 16 juillet 2014, à Alger. © AFP

Le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, le 16 juillet 2014, à Alger. © AFP

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Publié le 29 janvier 2015 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Les négociations de paix entre le gouvernement malien et les groupes armés sont-elles au point mort ?

Ramtane Lamamra : Non, les discussions ont bien avancé. Fin novembre, les différentes parties ont reçu un projet d’accord global de paix et de réconciliation. Ce texte doit faire l’objet d’une étude minutieuse de chacun, puis d’une reprise de négociations de front, afin de résoudre toutes les questions qui resteront en suspens. Il y aura, à Alger, une finalisation de cet accord. La signature formelle, elle, devra être faite sur le territoire de la République du Mali.

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Quels sont les principaux points de blocages ?

Peut-on parler de points de blocage ? Nous avons plusieurs options sur les différentes questions qu’il reste à résoudre, qu’elles soient institutionnelle, politiques, ou sécuritaires. Le diable est dans les détails et tout cela demande à être fignolé. Certains aspects demanderont peut être des dispositions transitoires, notamment en matière de sécurité, parce que la construction d’une armée nationale prendra du temps. Le travail n’est donc pas fini, mais en ce qui concerne le fond, il est quasiment ficelé.

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L’hypothèse du fédéralisme est-elle définitivement écartée ?

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Oui. Le 24 juillet, après une série de négociations, les différents mouvements armés du Nord ont signé une feuille de route consacrant le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali.

La lenteur des négociations est-elle liée à la multiplicité d’acteurs qui y participent ?

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Il y a deux choses. D’abord, au niveau de l’équipe de médiation, nous avons réussi le tour de force de ramener au sein de la même équipe toutes les parties prenantes : États, organisations sous-régionales, et organisations internationales. Elles ont toutes un rôle à jouer. Au niveau des parties maliennes, nous souhaitons le regroupement plutôt que la fragmentation. Il faut que les chefs des mouvements armés, et en face, les ministres mandatés par le président IBK, soient présents.

Quand peut-on espérer la signature d’un accord de paix ?

Je ne saurais vous dire. Mais nous souhaitons qu’un accord de paix soit signé dans moins de six mois.

Quand reprendra le prochain round de négociations à Alger ?

L’équipe internationale de médiation se réunira le 7 février à Alger pour évaluer la situation et décider de la voie à suivre.

Hier, le groupe international de contact sur la Libye a exclu l’idée d’une intervention militaire au profit d’une solution politique. Vous qui avez toujours défendu cette option, avez-vous le sentiment d’être mieux entendu qu’en 2011 ?

Je crois qu’il y a un consensus international sur la nécessité de trouver une solution politique en Libye. Mais il faut être clair : dire que le problème politique, sécuritaire et institutionnel libyen doit être réglé de manière pacifique n’empêche pas de réduire des poches de terrorisme par tous les moyens légitimes.

Donc défendre une solution politique n’exclut pas des frappes ciblées contre certains groupes terroristes ?

Cela n’exclut pas que le terrorisme soit combattu. Les groupes terroristes ne doivent pas penser qu’ils peuvent s’épanouir sur le territoire libyen et que nous sommes devenus pacifistes à leur égard.

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Propos recueillis à Addis-Abeba par Anne Kappès-Grangé et Benjamin Roger
 

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