Ebola : chaque jour qui passe effrite l’espoir, dans quelle langue faut-il le dire ?

Une vingtaine d’artistes ouest-africains de renom se sont réunis pour interpeller les chefs d’État francophones sur la catastrophe que représente Ebola. Ils publient leur lettre ouverte dans Jeune Afrique. Parmi eux : Richard Bona, Ismaël Lo, Amadou et Mariam, Smockey, Oumou Sangare, Vieux Farka Touré…

Les artistes ouest-africains publient une lettre ouverte, le 26 novembre 2014. © AFP-Sipa

Les artistes ouest-africains publient une lettre ouverte, le 26 novembre 2014. © AFP-Sipa

Publié le 26 novembre 2014 Lecture : 3 minutes.

À l’heure où nous écrivons cette lettre, près de 35 chefs d’État et de gouvernement se préparent à se retrouver à Dakar pour le 15è Sommet de la Francophonie.

À l’heure où nous écrivons cette lettre, Ebola a tué plus de 5 000 personnes et plus de 14 500 cas ont maintenant été répertoriés en Guinée, en Sierra Leone, au Liberia, mais aussi au Mali. Un décompte macabre fait avec une certaine résignation.

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À l’heure où nous vous écrivons cette lettre, de trop nombreuses femmes sont mortes laissant leurs enfants derrière elles. Au mois d’octobre 2014, 55% des personnes décédées du virus sont des femmes.

L’OIF n’a pas été très entendue sur cette crise humanitaire qui affecte la deuxième région ou la langue française est la plus parlée.

À l’heure où nous vous écrivons cette lettre, dans des conditions difficiles et au péril de leur vie, des milliers de professionnels de santé tentent de sauver les personnes affectées par le virus Ebola.

À l’heure où nous vous écrivons cette lettre, plus de frontières se ferment, la suspicion règne et un continent tout entier est stigmatisé.

Sans un soutien à hauteur de la crise, chaque jour qui passe entame un peu plus l’espoir des populations menacées par le virus Ebola.

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Jusqu’ici, l’Organisation de la francophonie, qui regroupe 77 pays membres, n’a pas été très entendue sur cette crise sanitaire et humanitaire qui affecte la deuxième région où la langue française est la plus parlée dans le monde.

Lorsque vous serez réunis à Dakar, en tant que chefs d’État et de gouvernement, vous exprimerez votre solidarité pour les populations victimes d’Ebola. Mais n’oubliez pas, qu’au-delà des mots, seules des mesures concrètes soutenues par une volonté politique permettront de stopper la progression de l’épidémie et d’alléger les souffrances de nos compatriotes.

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Aujourd’hui l’enjeu majeur est de mobiliser les ressources financières, humaines et logistiques pour arrêter la progression du virus avant qu’il ne soit trop tard.

Au-delà du problème de santé, l’épidémie Ebola représente une menace pour la croissance économique et la sécurité alimentaire de la région faisant craindre le pire dans les pays touchés qui souffrent de l’arrêt du commerce transfrontalier, d’un manque de main d’œuvre et des pénuries dues à la maladie. Il importe donc de rompre l’isolement économique des pays affectés.

Mais cela ne sera possible et socialement acceptable que si des mesures de prévention sont prises dans les pays affectés et à risque. Si les pays voisins doivent accroitre leur soutien aux pays affectés, ils doivent aussi se préparer lucidement à l’éventualité d’une propagation pour être à même de l’éviter. L’information, la sensibilisation des populations, la formation des médecins, les systèmes d’alerte, les procédures de gestion de crise, tout cela se prépare maintenant !

Et demain, une fois la crise terminée, il faudra reconstruire des systèmes de santé détruits, ré-ouvrir des écoles fermées, s’assurer que chaque personne mange à sa faim, mettre en place et pérenniser les infrastructures d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et aussi accompagner des enfants qui auront parfois perdu leurs parents, sans que personne ne soit stigmatisé !

C’est pourquoi, nous souhaitons que le sommet de Dakar soit l’occasion pour les leaders francophones du continent et d’ailleurs de s’engager à apporter une réponse politique et durable face à la crise Ebola et à celles qui ne manqueront pas de survenir dans l’avenir.

Selon Léopold Sedar Senghor, la francophonie est cet humanisme intégral et cette symbiose des énergies dormantes de tous les continents. C’est fort de cette invite à l’action solidaire, que nous, acteurs culturels d’Afrique de l’Ouest, demandons que le Sommet de Dakar 2014, soit celui de la mobilisation francophone contre Ebola, cet iceberg porteur de désarroi.

Nous espérons que cet appel sera entendu et que l’action contre Ebola deviendra une priorité du sommet de la Francophonie, pour répondre à l’inquiétude majeure des populations ouest-africaines !

Baba Maal, Artiste musicien – Sénégal
Richard Bona, Artiste musicien – Cameroun
Ismael Lo, Artiste musicien – Sénégal
Amadou et Mariam, Artistes musiciens – Mali
Didier Awadi, Artiste musicien – Sénégal
Sekou Ba Bambino, Artiste musicien – Guinée
Smarty, Artiste musicien – Burkina Faso
Smockey, Artiste musicien – Burkina Faso
Moussa Sene Absa, Cinéaste – réalisateur, Sénégal
Oumou Sangare, Artiste musicien – Mali
Alain Gomis, Cinéaste – réalisateur- Sénégal
Dany Lee, Artiste musicien – Niger
Vieux Farka Touré, Artiste musicien – Mali
Omara "Bombino" Moctar, Artiste musicien – Niger
Coumba Gawlo Seck, Artiste musicien – Sénégal
Bajah from Bajah and the Dry Eye Crew, Artiste musicien – Sierra Leone
Sierra Leone’s Refugee All Stars ( Reuben M Koroma, Ashade Pearce, Jahson Bull,Dennis Sannoh, Christopher Davies,Jeffery Nature Kamara)

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