Adieu à Mandé Sidibé

L’ancien Premier ministre malien est décédé le 25 août à Paris à l’âge de 69 ans.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 8 septembre 2009 Lecture : 3 minutes.

Juste au début du mois de ramadan, un véritable concert de louanges s’est élevé à Bamako pour saluer la mémoire de Mandé Sidibé, ex-Premier ministre du Mali (2000-2002) et président depuis 2006 du conseil d’administration d’Ecobank, groupe bancaire panafricain où il était entré trois ans plus tôt. Le frère aîné de Modibo Sidibé (actuel chef du gouvernement malien) souffrait d’une maladie cardiaque pour laquelle il avait été hospitalisé à l’Hôpital américain de Paris quelques jours avant d’y décéder, le 25 août, à l’âge de 69 ans. Amis, familiers, contempteurs, rivaux… Tous saluent l’exemplarité, la courtoisie et la discrétion d’un homme qui avait très tôt choisi l’économie pour servir son pays, même s’il avait effectué la plus grande partie de sa carrière à l’étranger.

Fils de Mamadou Sidibé, un officier de l’armée française qui deviendra, le 22 septembre 1960, le premier capitaine du Mali indépendant, Mandé naît le 20 janvier 1940 à Bafoulabé, près de Kayes (Sud-Ouest), dans une famille qui comptera bientôt six enfants. Encadrés par un père aussi exigeant qu’érudit, ils feront de brillantes études et deviendront, sinon Premier ministre, du moins médecin, dentiste ou encore directrice d’école.

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À l’instar d’une grande partie de l’élite politique ­malienne, Mandé Sidibé commence ses études au lycée Terrasson-de-Fougères de Bamako (rebaptisé lycée Askia-Mohamed). En 1960, cap vers la France, à Bordeaux plus précisément, où il passe son bac avant d’intégrer la faculté de droit et de sciences économiques de Paris. Il effectue alors ses premières armes politiques en militant au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF).

De retour au Mali en 1965 avec une licence d’économie en poche – un diplôme qu’il complétera en 1974 avec un MBA en commerce international de l’université Georges-Washington (États-Unis) –, il entame une brève carrière nationale. Après deux années au service de la Banque de la République du Mali, il est recruté par le FMI. D’abord en tant que simple économiste, à Washington. Puis, après un passage à N’Djamena, où il occupe la fonction de représentant-résident entre 1975 et 1977, il revient au siège comme économiste principal et, enfin, chef de division du département Afrique.

C’est alors qu’il entame une seconde carrière internationale, à Dakar cette fois, où il assume à partir de 1985 de hautes fonctions à la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) : conseiller du gouverneur, directeur central des relations internationales, secrétaire chargé de la politique monétaire et, en 1992, directeur national pour le Mali. Un retour au bercail qui n’est pas sans arrière-pensées politiques puisqu’en 1996, un an après avoir fait valoir ses droits à la retraite de la BCEAO, il est nommé conseiller spécial du président Alpha Oumar Konaré, dont il devient le Premier ministre quatre ans plus tard.

Le Mali est alors plongé dans une profonde crise financière due à la chute des cours du coton et de l’or, les deux piliers de l’économie. Sidibé parvient à maintenir les grands équilibres macroéconomiques, à payer les fonctionnaires et à assurer les préparatifs de la CAN 2002. Et c’est pour avoir les mains libres dans la course à la succession de Konaré, dont on dit qu’il a la bénédiction, qu’il démissionne de son poste en mars 2002. Mais faute d’avoir obtenu l’investiture de son parti, l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), et dépourvu d’un appui sans équivoque de son mentor supposé, il ne récolte que 2 % des suffrages. Un échec qui ne mettra pourtant pas fin aux grandes ambitions que cet enfant de Bafoulabé avait pour son pays. Que la terre lui soit légère.

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