Et les armes se remirent à parler…

Les affrontements entre le gouvernement et les rebelles des FNL malmènent un processus de paix déjà fragile.

Publié le 28 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Attaques des Forces nationales de libération (FNL) à Bujumbura et dans l’ouest du pays le 17 avril, contre-offensives de l’armée régulière le 21, tirs d’obus sur la capitale dans la nuit du 22 au 23Â Le dialogue semble rompu entre le gouvernement burundais et la rébellion. Pis, « la guerre s’est généralisée, note un observateur à Bujumbura. Les deux parties ont vraiment envie d’en découdre. »
Dans les milieux diplomatiques, d’aucuns estiment que la reprise des violences, qui ont déjà fait une trentaine de morts et plus d’un millier de déplacés, était prévisible. « L’accord de cessez-le-feu signé entre le gouvernement et les FNL à Dar es-Salaam, en Tanzanie, le 7 septembre 2006, porte les germes de la déflagration actuelle, affirme une source proche du dossier. Il s’agit en réalité d’un accord de reddition que les dirigeants des FNL ont accepté bien malgré eux. Déséquilibré, il ne précise pas le rôle à jouer par le groupe rebelle dans l’armée et les institutions politiques. » D’où les blocages constatés dans la mise en Âuvre du processus de paix. Depuis, les FNL n’ont cessé de multiplier les revendications : intégration de leurs combattants dans l’armée nationale, obtention de postes politiques et administratifs, immunité pour les chefs rebelles accusés de crimes de guerreÂ
Les hostilités reprennent à un moment critique pour le gouvernement, miné par des déchirements internes au sein du parti présidentiel – le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD) -, une paralysie du Parlement et une économie en berne. Populaire dans les campagnes, la rébellion compte bien tirer profit de la mauvaise passe que traverse le chef de l’État Pierre Nkurunziza. Et jouer un rôle déterminant lors des élections générales prévues pour 2010. Militairement, les FNL, qui comptent dans leurs rangs quelque 3 000 hommes auxquels s’ajoutent des miliciens, peuvent difficilement mettre en déroute l’armée régulière, forte de 27 000 soldats. Le seul atout du mouvement réside dans sa grande capacité de nuisance, qui peut mettre le pays à feu et à sang. Le 24 avril, devant les représentants de l’ONU à Bujumbura, la ministre des Affaires étrangères Antoinette Batumubwira a fait savoir que « l’armée ne sera pas indéfiniment patiente ». Le Burundi, qui commençait à se remettre péniblement d’une guerre civile commencée en 1993 et qui a fait 300 000 morts, ne semble pas près de renouer avec la paix.

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