3 questions à Anis Birou

Secrétaire d’État marocain à l’Alphabétisation et à l’Éducation non formelle

Publié le 22 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Quels sont les enjeux de votre politique d’alphabétisation ?
Anis Birou : Il est clair qu’un pays ne peut se développer tant qu’il est confronté à des problèmes d’analphabétisme. Le Maroc a pris conscience de la gravité de la situation et s’est engagé à lutter, de manière sérieuse et volontaire, contre ce fléau. C’est une question cruciale, vitale même, puisque tous les secteurs d’activité en pâtissent. Comment généraliser la scolarisation chez les plus jeunes quand nombre de parents sont encore analphabètes ? Comment améliorer la productivité avec des employés analphabètes ? C’est pourquoi cette lutte ne relève pas uniquement de l’action sociale. C’est un vrai secteur d’investissement, qui a un impact considérable sur l’ensemble de notre société.
Dans ce domaine, le Maroc a longtemps eu la réputation d’être le « mauvais élève » de la région
Je ne suis pas sûr qu’il était un si mauvais élève. En 1956-1957, alors que plus de 80 % de la population était analphabète, une campagne très efficace a été engagée. Mais il y a eu des ruptures, l’action a été interrompue. C’est à mon avis l’essentiel du problème. Car nous avons affaire à une maladie qui, sans un suivi sérieux, peut ressurgir à tout moment. Il faut donc un traitement de choc, sur plusieurs années. C’est ce que nous sommes en train de faire.
L’évaluation du taux d’analphabétisme pose également problème. Selon les données du dernier recensement, il était en 2004 de 43 %. Mais avant cette date, il était calculé en fonction des chiffres du recensement réalisé dix ans auparavant, ce qui nous a beaucoup pénalisés, notamment dans le calcul de l’indice de développement humain du Pnud [Programme des Nations unies pour le développement]. Pour éviter de refaire la même erreur, nous sommes sur le point de lancer une enquête qui, grâce au nouveau système d’information dont nous nous sommes dotés, permettra une nouvelle estimation du taux et une actualisation annuelle de son évolution.
Quel est le montant de votre budget ?
Il est de 156 millions de dirhams [plus de 14 millions d’euros]. Mais ce n’est là qu’une infime partie des ressources consacrées à cette lutte. Car nous avons obtenu le soutien de toutes les délégations de l’Éducation nationale et avons noué des partenariats avec différents ministères [Justice, Agriculture, Pêche, etc.] et établissements publics comme l’Office national de l’eau potable [Onep] ou l’Office national de l’électricité [ONE]. Nous travaillons par ailleurs avec de nombreuses entreprises privées et recevons une aide appréciable de plusieurs bailleurs de fonds. Et n’oublions pas le grand chantier de l’Initiative nationale pour le développement humain [INDH], qui représente pour nous un apport de poids.

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