Amadou Gon Coulibaly

Ministre ivoirien de l’Agriculture, secrétaire général adjoint du Rassemblement des républicains (RDR)

Publié le 21 février 2006 Lecture : 3 minutes.

Il y a quelques années, Amadou Gon Coulibaly était passé rapidement à notre journal. Trop rapidement à son goût. Il y est revenu le 9 février dernier. Par ses questions, le ministre ivoirien de l’Agriculture s’est fait pressant sur le fonctionnement de l’hebdomadaire qui a « accompagné tant d’Africains de [son] âge ». Dans les années 1980, étudiant à l’École des travaux publics de Yamoussoukro d’où il est sorti, en 1982, un diplôme d’ingénieur en poche, il aimait à le parcourir.

Sur le registre politique, Amadou Gon, comme l’appellent la plupart de ses compatriotes, a de qui tenir et bon sang ne ment jamais. Son arrière-grand-père, Péléforo Gon Coulibaly, patriarche de Korhogo et chef suprême des Sénoufos, avait conclu dès la fin des années 1940 une « alliance historique » avec le président Félix Houphouët-Boigny, alors que son père a représenté dans le Nord le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), de 1960 à sa mort, en 1990.
Lui, Amadou Gon, a pris quelque liberté avec la tradition politique de la famille et rejoint le Rassemblement des républicains (RDR, né d’une scission avec le PDCI), dont il est, aujourd’hui, le secrétaire général adjoint. Par fidélité à l’ancien Premier ministre d’Houphouët, Alassane Dramane Ouattara, qui en est le chef de file et avec lequel il a travaillé, comme conseiller technique chargé du suivi des programmes d’ajustement sectoriel, des entreprises publiques ainsi que des grands projets d’investissements, à commencer par le gisement de gaz offshore Foxtrot.
Rien qui l’éloigne fondamentalement de ses anciennes amours : l’ingénieur des travaux publics a commencé sa carrière professionnelle à la Direction et contrôle des grands travaux (DCGTx), aujourd’hui Bureau national d’études techniques et de développement (BNEDT). En 1993, il en devient même directeur adjoint. L’engagement commence en 1994 quand il prend sa carte de membre du RDR, qui vient de naître. Il a 35 ans (il est né en février 1959) et l’ambition de ne pas déchoir dans l’arène politique.
La suite est connue : aux certitudes mathématiques succèdent les vicissitudes du combat politique. Première épreuve du feu dans la foulée du boycottage actif de la présidentielle d’octobre 1995 lancée par le Front républicain (le Front populaire ivoirien, de Laurent Gbagbo, et le RDR, alors dirigé par Djéni Kobina) : les élections législatives de novembre de la même année. Amadou Gon décide d’affronter à Korhogo un cousin de son père, le président du Syndicat national des transporteurs de Côte d’Ivoire, Kassoum Coulibaly.

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Cela fait un peu désordre. Le vieux militant syndicaliste s’offusque et s’insurge contre le jeune impertinent. Mais ce dernier résiste aux pressions, fait montre d’un réel talent de bretteur, plus par nécessité que par tempérament. Et finit par emporter le siège de député. Il ne s’arrêtera pas là. Dans l’Hémicycle, l’homme de dossier n’est pas le dernier à harceler le pouvoir. Lequel ne le ménage pas, non plus. En octobre 1999, Amadou Gon, Henriette Dagri Diabaté et plusieurs de leurs camarades « républicains », accusés de violences au cours d’une manifestation contre le régime Bédié, sont arrêtés et condamnés à deux ans de prison.
Tout le monde est libéré deux mois plus tard, en décembre, à la faveur du coup d’État du général Robert Gueï. Le RDR entre dans un gouvernement de transition mis en place en janvier 2000. Pas Amadou Gon. Son mentor, Ouattara, qui a toute confiance en lui, le met en quelque sorte en réserve de la République. Il n’en sortira qu’en avril 2003 pour prendre le maroquin de l’Agriculture, qu’il garde aujourd’hui encore dans une Côte d’Ivoire qui n’en finit pas de chercher depuis septembre 2002 une issue à la crise. Mais Amadou Gon reste optimiste.
Surtout maintenant que le retour de Ouattara, « un fait majeur » pour lui, « consacre la présence de tous les acteurs et de leurs troupes ». Il reste juste à obtenir que « l’environnement soit clarifié pour permettre le plein fonctionnement du jeu politique et de son corollaire : un débat politique normal ».

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