Afrique du Sud : Maimane, du township au leadership

À 34 ans, ce chef d’entreprise devient le premier dirigeant noir de l’Alliance démocratique, parti considéré jusque-là comme « trop blanc ». Cela suffira-t-il à ébranler la suprématie de l’ANC ?

Fêtant son élection, avec son épouse, à Port Elizabeth, le 10 mai. © Gianluigi Guercia/AFP

Fêtant son élection, avec son épouse, à Port Elizabeth, le 10 mai. © Gianluigi Guercia/AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 22 mai 2015 Lecture : 2 minutes.

Ça y est ! L’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition, a enfin élu, le 10 mai, son premier leader noir : Mmusi Maimane, un chef d’entreprise de 34 ans.

Multidiplômé (en théologie, psychologie et gestion publique), polyglotte (outre l’anglais, il parle cinq langues africaines, dont le zoulou, accessible à la majorité de ses compatriotes), Maimane a du charisme.

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Élevé dans le township de Soweto par un père xhosa et une mère tswana, il est chez lui dans le Gauteng, la riche province de Johannesburg et Pretoria, dont la DA, mieux implantée au Cap, a fait sa priorité électorale.

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Sa couleur de peau a joué un rôle décisif dans son ascension. Helen Zille, qui a dirigé pendant huit ans ce parti considéré comme "trop blanc", avait déjà tenté de présenter une candidate noire à la présidentielle de 2014 en la personne de Mamphela Ramphele, brillante femme d’affaires et compagne du défunt Steve Biko, une grande figure de la lutte antiapartheid.

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Charme

Cette tentative n’avait pas abouti et la DA avait réalisé un score certes honorable et en progrès (22,2 %), mais en deçà de ses espérances. Redoutant que l’ANC (62 % des voix) reste hors de portée durant des décennies, Zille s’est retirée au profit de Maimane, l’un de ses poulains.

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Celui-ci parviendra-t-il à changer la donne ? Son discours rassembleur et son charme, qui n’est pas sans rappeler celui d’un Barack Obama, pourraient y contribuer. Mais pour convaincre la majorité noire, Maimane devra prouver qu’il n’est pas que le produit d’une opération marketing, et avancer des propositions économiques qui fassent mouche.

Celles de la DA, plutôt libérales, feront-elles le poids face à celles, très interventionnistes, du populiste Julius Malema ? Au Parlement, les deux jeunes leaders (ils ont le même âge) rivalisent de critiques à l’égard du président Jacob Zuma.

Bien que Maimane ait traité ce dernier de "voleur", ses interventions restent moins spectaculaires que le show permanent de Malema. Certes, l’engagement religieux du chef de la DA, pasteur dans une Église évangélique, pourrait le servir dans un pays chrétien à près de 80 %.

Pour l’instant cependant, sa posture conservatrice sème le trouble chez ses militants : son Église est hostile aux homosexuels (dont le droit au mariage est reconnu par la Constitution) et Maimane, marié à une Blanche, mère au foyer, se dit favorable à un référendum sur la peine de mort, pourtant abolie.

Surtout, il faudra bien plus qu’un simple changement de personne pour contrer un ANC profondément enraciné dans le pays, notamment grâce à ses politiques de redistribution. 

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