Algérie : la pique du Hic

Ayant pour seuls armes une feuille de papier et un crayon, ils croquent, à pleine dents, les thèmes les plus tabous de la société : religion, sexe, chefs d’Etat, tout y passe ! Portraits choisis de ces dessinateurs arabes qui défendent la liberté d’expression, coûte que coûte. Aujourd’hui : Hichem Baba Ahmed, dit Le Hic.

Autoportrait du Hic. © Le Hic

Autoportrait du Hic. © Le Hic

FARID-ALILAT_2024

Publié le 30 avril 2015 Lecture : 1 minute.

THAT’S ALL FOLKS © Le Hic
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Bienvenue dans le monde des caricaturistes africains

L’attentat contre leurs confrères de Charlie Hebdo en janvier a fortement ému les dessinateurs africains et rappelé à quel point la liberté d’expression pouvait être fragile, bien souvent encore coincée entre tabous, censure et autocensure.

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Si sa réputation n’égale pas celle de son confrère du quotidien Liberté Ali Dilem, ses dessins ne manquent pas moins de piquant et d’irrévérence. À 49 ans, Hichem Baba Ahmed, dit Le Hic, fait presque figure de vétéran dans l’univers des dessinateurs de presse en Algérie. Au quotidien El Watan depuis octobre 2009, cet ingénieur en aménagement du territoire et protection de l’environnement dézingue chaque matin en dernière page le président Bouteflika, ses ministres, les responsables de l’opposition ou les hauts gradés de l’armée.

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"Les juges nous laissent quelque peu tranquilles depuis la grâce présidentielle dont ont bénéficié en 2006 les journalistes condamnés, dit-il. Auparavant, il ne faisait pas bon être caricaturiste." Les poursuites judiciaires, Le Hic en a connu une ribambelle au début des années 2000, du temps où il officiait au quotidien Le Matin.

Viscéralement antipouvoir, ce journal de gauche a été poussé à la fermeture en août 2004 à cause de réelles difficultés financières alors que son directeur, Mohamed Benchicou, a été condamné à deux ans de prison, qu’il purgera jusqu’au dernier jour. "J’ai reçu 9 plaintes pour des dessins qui ne plaisaient pas aux autorités, raconte Le Hic. Nous passions alors notre temps entre les commissariats, les bureaux des magistrats et les tribunaux, où les délits de presse relevaient du code pénal." 

Aujourd’hui les juges sont certes moins enquiquineurs, mais le dessinateur doit composer avec d’autres aléas. "Il n’y a pas de lignes rouges, mais il faut sans cesse surfer entre les tabous, les faux interdits ou la religion, explique Le Hic. Parfois, il faut s’autocensurer pour ne pas heurter la sensibilité de certains lecteurs."

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