Sénégal : ci-gît le PDS
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 31 mars 2015 Lecture : 2 minutes.
En faisant d’un Karim Wade incarcéré depuis près de deux ans son candidat à la prochaine élection présidentielle, le Parti démocratique sénégalais (PDS) entérine ce que tout le monde savait déjà : il marche sur la tête depuis qu’il a perdu le pouvoir en 2012, ne compte que sur des coups médiatiques (souvent affligeants, telles les dernières sorties de l’ancien chef de l’État) pour exister, et ne repose plus que sur son chef.
Un Abdoulaye Wade dont la succession est impossible puisque lui-même, persuadé d’être irremplaçable, n’entend guère passer la main, malgré son très grand âge. Son parti en est réduit à se vautrer dans la politique politicienne, sans programme ni idées, et à cultiver les paradoxes.
Hier, la plupart de ses ténors faisaient de Karim Wade la source de leurs problèmes et la cause de la défaite de Wade père à la dernière présidentielle. Ce fils, ils le jugeaient encombrant, trop puissant, trop occidentalisé et guère aimé du petit peuple ; ils l’avaient même contraint, à force de défiance, à créer son propre mouvement, Génération du concret. Aujourd’hui, contre toute logique raisonnable et constructrice, ils en ont donc fait leur candidat…
L’avenir, inévitablement, tournera autour des défections des uns et des autres, et la menace que le PDS éclate est grande. Abdoulaye Wade a raté sa sortie à la tête du Sénégal. Il risque d’en faire de même avec sa formation.
Sombres auspices qui devraient profiter à un certain… Idrissa Seck.
Sombres auspices qui devraient profiter à un certain… Idrissa Seck. L’ex-numéro deux du "Vieux", dauphin putatif qui s’est heurté – comme tant d’autres – à son mentor et qui paya son outrecuidance d’un long séjour en prison, devrait récupérer une bonne partie des suffrages des électeurs libéraux opposés à l’actuel chef de l’État, Macky Sall. Il faudra donc compter avec ce tribun hors pair, intelligent et roué.
Le PDS, toutes proportions gardées, marche sur les traces du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. Ils cultivent d’ailleurs les points communs : des formations très dynamiques durant leurs longues périodes passées dans l’opposition, embourgeoisées par les ors du pouvoir et tellement dépendantes des figures charismatiques qui les ont dirigées qu’elles sont incapables de s’inventer un après et finissent par s’entre-déchirer. Du pain bénit pour Macky Sall ou Alassane Ouattara, mais une bien mauvaise nouvelle pour la démocratie.
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